Demain les chats de Bernard Werber

auteur : Bernard Weber
édition : Albin Michel
sortie : septembre 2016
genre : roman

Bastet est une chatte vivant sur la butte Montmartre avec son humaine qu’elle qualifie tout naturellement de servante. Elle ne sait rien du monde extérieur, elle ne s’est jamais aventurée plus loin que le bout de la rue qu’elle habite, mais son désir de communication est majeur. Elle voudrait discuter, entrer en relation avec autrui, expliquer ce qu’elle est, ce qu’elle veut mais surtout elle voudrait comprendre. Cette ingénue à 4 pattes est persuadée qu’elle est capable de communiquer par la pensée, mais que ce soit la petite souris qu’elle chasse ou sa servante obnubilée par sa nouvelle télévision, personne ne l’entend ou ne la comprend. Jusqu’au jour où un nouveau venu s’installe en face de chez elle. Pythagore est un siamois, pourvu d’un port USB sur le sommet du crâne grâce auquel ses connaissances du monde et des coutumes humaines sont illimitées. Via internet, ce chat est une mine d’informations qui va ouvrir le champ des possibles pour Bastet.

Uniques intervenants narrateurs de ce roman, les chats sont au centre du monde actuel où se côtoient terrorisme, religion, guerre et perte d’humanité. Cette mise en exergue aura pour effet de passionner les adorateurs des chats et de repousser rapidement les fervents défenseurs des chiens. En effet, et comme à son habitude, Bernard Werber a basé ses écritures sur l’Histoire et la science, ce qui pour nous permettra au fil des pages, d’étayer nos connaissances sur les chats, leur parcours à travers l’Egypte, leurs divinités, leur importation dans les différentes parties du globe. Bien évidemment, il ne faut pas négliger le côté futuriste et décalé de l’écrivain qui aura pris cette fois la forme d’un port USB implanté dans le crâne du beau félin.

Une fois le concept assimilé et accepté, le début du roman se vit comme un cours d’Histoire agréable, entre un professeur un peu hautain mais pédagogue et une élève assidue et probablement trop curieuse. La situation dégénère au moment où l’humanité dérape, ensevelie sous les fusils, les pillages et le terrorisme. Le règne animal reprend alors ses droits sur la planète et sur l’humain qui se délitent. Le parallèle avec le monde actuel est tellement proche qu’il résonne dans la tête du lecteur tel un écho trop réel. La véritable crainte ressentie par la population en 2016 suite aux attentats terroristes est encore tellement vive que la transposition dans un roman est interpellante. La fiction et la réalité sont entremêlées de telle sorte que la lecture glace les sens. Qu’y aura-t-il après l’Homme? Les chats, les rats, la peste…

En conclusion, nous retrouvons sans nul doute l’univers et le style Werberien sans pour autant qualifier ce nouveau roman de merveille. Demain les chats n’est pas le meilleur écrit de l’auteur mais se laisse lire à condition d’aimer les chats.