« Dalva », quand l’enfance doit renaître

Dalva
d’Emmanuelle Nicot
Drame
Avec Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy
Sorti le 22 mars 2023

À 12 ans, Dalva n’est plus une enfant mais une femme qu’on arrache des griffes de son père. C’est dans l’incompréhension qu’elle ouvre ses valises dans un centre d’accueil pour adolescents. Dans un mutisme entrecoupé d’injures, commence la reconstruction d’une enfance disparue. Aux contacts de son éducateur, Jayden (interprété par Alexis Manenti) et sa nouvelle amie, Samia, Dalva reprend peu à peu goût à la vie.

Des premières réussies

Autant Emmanuelle Nicot que Zelda Samson sont confrontées à une première expérience avec Dalva ; l’une réalise son premier long métrage, l’autre obtient son première grand rôle. Les deux courts métrages Rae et À l’arraché avaient tous deux donné une certaine reconnaissance à la réalisatrice. Avec ce long métrage, elle explique en interview son désir de travailler sur l’emprise, un sujet qui la touche personnellement. Ce que l’on ressent face au film, c’est la justesse du réalisme. Un sentiment qui vient sans doute du travail d’observation réalisé en amont par Emmanuelle Nicot, et qui a permis la naissance de ce projet.

Pour l’exactitude dans le jeu de la jeune héroïne Dalva, on ne peut que se réjouir d’une telle surprise. Zelda Samson tient avec cran ce premier rôle. On pourrait croire que la jeune actrice se découvre en même temps que Dalva se dévoile, au fur et à mesure que le film progresse. Son regard s’éclaircit et sa posture se libère au rythme des réponses qui s’imposent à cette jeune fille bouleversée. D’ailleurs, la jeune actrice ne cache pas cette dimension d’auto-découverte que lui a procuré cette expérience, quand on lui pose la question en interview.

Un sujet sensible, des images fortes

Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation, Prix Fifresci, Grand Rail d’Or du meilleur long métrage et on ajoute à cela quatre nominations. Dalva est assurément une réussite. Et pourtant, traiter d’un sujet aussi sensible que l’inceste n’est pas sans risque. Le casting, la réalisation et l’angle d’approche donnent à cette histoire un équilibre parfait. Dans la vie de tous les jours, l’inceste nous choque, il n’est pas évident de mettre ce sujet sur grand écran. L’omniprésence de Dalva nous aide à intégrer les émotions tel que le déni ou la peur mais aussi la joie. Emmanuelle Nicot préfère la pudeur, elle impose la réflexion dans les détails d’un bijou ou d’une coiffure. Notre cœur est touché face à l’horreur de la réalité, et réparé grâce à la force de caractère de Dalva, une protagoniste qui marquera le public à l’unanimité.