On m’a demandé un top/flop de mes films vus au BIFFF. Voici donc mon voyage au cœur du BIFFF :
Après trois années d’exil involontaire, durant lesquelles le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (que les initiés surnomment le BIFFF) avait muté, migré et pris ses quartiers dans la lointaine contrée du Heysel — sorte de territoire brumeux que l’on atteint au prix de maints détours et écus —, je reçus, un matin de mars, une missive étrange. C’étaient les noms de mes anciens compagnons de route qui m’appelaient au vice : l’aventureux Comte d’Eggermont, Bashir Poireau la Sorcière des Séances de Minuit, Monseigneur Loïc le Moine-Chasseur, la Prêtresse crolée au nom de Sioux et Christian, sorte d’Indiana Jones des temps anciens.
« Je ne puis reculer », murmurais-je, malgré les épreuves, les embuscades bibitives et mes obligations. Mais qu’importe ! Nanti de mon laissez-passer, je me lançai tout de même dans un périple émaillé de découvertes stupéfiantes.
Top :

Cela faisait bien longtemps qu’on n’avait plus eu droit à un conte de fées bien gore, bien réalisé, bien scénarisé et bien joué. En effet, ce genre de film se situe souvent uniquement dans un des quatre qualificatifs précités. La réalisation d’Emilie Blichfeldt a tout pour plaire à un très large public et mériterait certainement d’être diffusée dans davantage de salles obscures. Alors oui, c’est un peu frontal niveau dégueulasseries et nudités, mais on t’a pas dit de mettre ça devant le petit dernier de la famille non plus.
2. The Wailing
Petite perlouse de cette édition, The Wailing m’a convaincu de deux choses. D’une part, que les femmes qui voient des esprits ont toujours été marginalisées et prises pour des folles (et la normalité des réactions masculines dans ce film le prouve). Et de l’autre, que faire un film sans issue favorable, qui ne solutionne aucun des problèmes mis en avant, c’est vachement frustrant.
3. The Surfer
The Surfer, c’est le film que tu vas voir avec des potes parce qu’il y a Nicolas Cage et qu’il est cool, parce que ça parle de surf et que c’est cool, parce que c’est en Australie et que c’est cool, parce que c’est au BIFFF, que les gens vont gueuler, et ça aussi c’est cool. Alors au final, The Surfer n’était pas si cool, un brin chiant à certains moments, mais l’ambiance qui y règne lui donne du mérite, celui de nous avoir fait espérer au chef d’œuvre jusqu’à la fin.
4. The Creeps
Vu qu’on avait tout de même pas mal bu juste avant la séance, The Creeps demeure un bon moment de déconnade. Avec ces petits bonhommes de neiges mal foutus, un puceau avec la tronche de Marc Coucke, deux bombasses sorties d’une VHS érotique des années 90 et Christophe Lambert appuyé sur un arbre, il faut laisser à ce Creeps une chose : c’est un n’importe quoi maîtrisé.
Flop :

1. Broken Bird
La seule séance où je me suis réellement fait chier. Déjà, à l’heure d’écrire ces lignes, je ne me rappelais pas l’avoir vu, c’est dire. Il ne se passe pas grand chose dans cet oiseau cassé. En plus, je n’osais même pas dormir, l’actrice principale et la réalisatrice s’étaient assises juste à côte de moi dans la salle. Un non-lieu cinématographique.
2. Atoman
Grosse déception. Un film de super-héros marocain (le premier) co-produit en Belgique, avec Soprano qui signait la musique d’intro, que rêver de mieux au BIFFF ? Mais en bout de course, il manquait un scénario plus solide… puis des acteurs plus dirigés aussi… puis un montage plus cohérent. Enfin bref, j’ai mis deux jours à m’en remettre, ne me faites plus pleurer avec cet Atoman là.
3. Rabbit Trap
Pour un piège, c’était un sacré piège. Déjà, j’arrive dans la salle, c’est un silent screening. C’est-à-dire que personne n’est censé causer. Alors, si le film est bien, ça passe ce silence, mais là. C’est lent, c’est mièvre, c’est timoré comme réalisation, c’est presque illisible dans la réaction des protagonistes. Aussi palpitant qu’un documentaire Arte sur le tofu et l’ennui. Bref, ce n’est pas parce que tu baignes dans le fantastique qu’il faut faire n’importe quoi, sous prétexte que tout est possible.
Gros mea culpa sur ce film. Alors, l’histoire de cette femme qui laisse ses morpions à la maison, lesquels sont en réalité des versions améliorées de Macauley Culkin dans Home Alone, c’était une bonne idée. Mais c’est mou et quand c’est mou, votre serviteur s’endort. Mais c’était clairement ma meilleure sieste de la quinzaine.
BIEN :
– La qualité des films dans l’ensemble
– Stéphane, de plus en plus à l’aise
– Les foodtrucks extérieurs
– L’organisation générale (ça roule)
– Revoir les vieilles têtes des habitués
– Revoir Olivier (coeur sur toi)
– L’équipe presse du festoche, réactifs et sympas
PAS BIEN :
– Le parking (trop cher)
– L’accessibilité du Heysel (trop excentré)
– Les Silent Screenings (trop calmes)
– Les gens qui s’obligent à faire des blagues (trop pas drôle, faut que ce soit spontané)
– L’oxygène de la salle Ciné 2 après quelques séances (trop mortel)
– Ne plus revoir Olivier (trop triste)
Les cotes :
9/10 : The Ugly Stepsister
7/10 : The Wailing
6/10 : The Surfer, The Creeps
5/10 : Don’t Leave The Kids Alone
4/10 : Atoman, Rabbit Trap
2/10 : Broken Bird