[BIFFF 2018 : Jour 6] Un dimanche un peu fadasse mais un article bien badass !

El Habitante : Le film d’exorcisme pour les nuls

Bonjour à tous et bienvenue dans les recettes de Norbert. Aujourd’hui, nous vous apprenons à faire un film d’exorcisme insipide et sans aucune originalité. Avant de commencer la recette, voici les ingrédients dont vous aurez besoins pour votre film :

  • Une petite fille possédée par un démon.
  • Un groupe d’innocents qui débarque au début de votre film sans aucune connaissance du contexte.
  • Un suicide au minimum (par pendaison si possible).
  • Des flashbacks bidons manipulés par le démon qui possède la petite fille.
  • Un prêtre pour effectuer l’exorcisme final.
  • Un rebondissement de conclusion qui fera comprendre au spectateur que le démon n’est pas mort mais qu’il a arnaqué tout le monde comme Michael Bay avec toutes les suites de Transformers.

Vous êtes prêts ? Au fourneau ! 

Tout d’abord, étaler votre groupe d’innocent dans une maison sombre afin de bien poser les bases. N’hésitez pas à leur ajouter un background sentimental, histoire de bien faire pleurer les gens quand vous les tuerez dans d’atroces souffrances

Ensuite, ajouter la petite fille possédée par le démon et saupoudrez quelques suicides ou morts violentes dans votre groupe d’innocent. À ce stade, vous devriez obtenir un groupe homogène de 2 ou 3 survivants. Ajoutez alors quelques explications ésotériques bidons sur l’origine du démon qui possède la petite fille afin de rajouter un peu de piment. Après une petite heure de préparation, faites venir le prêtre censé faire l’exorcisme final. Enfin, mixer le tout dans un bon exorcisme assaisonné de quelques flashbacks ou séquences qui feront croire à votre audience que le rituel est fini. Laissez reposer le tout et rallonger avec une séquence inutile qui fera comprendre à tout le monde que le démon a gagné. 

Et voilà, vous avez, El Habitante, votre film d’exorciste fade et prêt à la diffusion. Bon appétit. O.E.

Freehold : Le squatter de l’enfer ! (L.S.)

Kévin et Norbert sont sur un bateau

Prenez la lie du genre humain. Au pif, citons les gars qui te spoilent Game of thrones, ceux qui te disent « je n’écoute pas de rap, moi, que du hip-hop », Kévin qui lit les sous-titres à voix haute pendant les séances, un type qui te dit : « désolé, c’est tout ce qu’il me restait à me mettre » alors qu’il est super classe, en chemise et tout, tandis que toi, à sa place, tu sais très bien que tu te serais pointé en pyjama sous un imper. Ajoutez par-dessus ceux qui n’ont pas compris que Tag de Sono Sion est un chef d’œuvre ultime, les personnes sans âme qui jouent le puits à pierre/feuille/ciseaux, les illuminés qui crient partout que Bad Boys 2 est le meilleur film du monde (bon, ça c’est moi, j’assume, la postérité me donnera raison), celui qui jouait à cache-cache dans la chambre de ce bon vieux Norbert. Maintenant, enfermez tous ces gens dans un lieu clos, sur une longue durée, et préparez-vous au pire.

C’est plus ou moins ce que propose Human, space, time and human, qui s’intéresse à plusieurs personnes bloquées sur un ancien navire militaire transformé en bateau de croisière. Suite à un phénomène inattendu, le voyage, qui avait pourtant déjà très mal commencé, va peu à peu virer au cauchemar absolu. Cela permet à Kim Ki-Duk de livrer son œuvre la plus sombre et la plus pessimiste. Le film fait en effet preuve d’un grand nihilisme dans sa description de rapports humains gangrénés par l’individualisme et l’égoïsme, au détriment des autres et en dépit du bon sens. Dans cette optique, les différents personnages sont presque tous unanimement voués à être soit victimes, soit bourreaux, soit les deux à la fois. Les hommes sont ainsi présentés comme des monstres irresponsables incapables de résister à leurs pulsions, tandis que les femmes sont rabaissées au rang d’objets sexuels, volontaires ou non. La férocité du propos, qui fait tout le sel du long-métrage, est également à l’origine de son principal défaut. En effet, le manque d’empathie pour les différents protagonistes laisse le spectateur quelque peu en dehors de l’histoire. Toutefois, le phénomène est tempéré par de brèves lueurs d’espoir qui percent de-ci de-là, et par la fin du film, qui lui apporte une portée inattendue. Éprouvant, Human, space, time and human se vit comme un voyage sans retour au cœur de ce que l’être humain a de plus noir. Un film du BIFFF qui donne envie de devenir misanthrope de par son contenu et non parce qu’on a envie de tuer toute personne ayant de près ou de loin aidé à sa création, c’est assez rare pour être souligné ! G.L.

Le Drôle de Noël des Crannibales

Mais si, vous vous souvenez forcément des Crannibales. Cette bande dessinée avec des personnages affublés de grandes dents et qui mangeaient tout ce qui leur venait sous la dent. Comme par exemple un bon employé modèle comme plat de résistance pour Noël. En l’occurrence, l’employé se nomme Michael Briskett et le moins que l’on puisse écrire, c’est que dans cette histoire c’est vraiment le dindon de la farce. Après s’être fait copieusement enguirlandé par son patron, notre Michael se prépare à servir de plat de résistance pour la famille de son boss. Une histoire à vous faire mal digérer votre foie gras tel un Français obligé de manger un steak sans baguette. 

Au final, le BIFFF se divise en deux catégories : les films qui se prennent au sérieux et ceux qui s’en font comme Rocky dans la réserve, ils s’en battent les steaks. Ce Mercy Christmas rentre très clairement dans la seconde catégorie. Pour preuve sa scène de fin totalement jouissive et déjantée. Et vu qu’on a été gentil cette année, on espère que le Père Noël nous en apportera encore des cadeaux comme ça. O.E.

Vive les repas avec la belle-famille ! 

Charles a connu Sophia au Caire après avoir sali les draps de l’hôtel. Mais lui travaille pour le contre-espionnage, elle est la descendante d’un riche milliardaire qui pense qu’il ne l’aimait pas vraiment mais qui l’a séduite pour avoir des informations. Pourtant, quand le patriarche crève, c’est lui qu’elle appelle pour trouver l’assassin. Et Charles se retrouve au milieu d’une faune familiale pas très reluisante où tout le monde a un intérêt à voir disparaître ce coquin de milliardaire manipulateur. A qui profite le crime ? Comme souvent avec Agatha Christie, on sera étonné du déroulement de l’enquête.

Gilles Paquet-Brenner, le responsable, entre autre, des deux débiles Gomez et Tavarez a fait du chemin et tâtonne du côté des anglo-saxons. Il se voit confier une nouvelle adaptation de la célèbre romancière et profite pour réussir un casting d’anthologie : Glenn Close, Terence Stamp, Gillian X-Files Anderson ou Christina Mad Men Hendricks, etc.

L’adaptation de Crooked House est assez réussi grâce à son casting de haute volée et grâce aussi à une enquête surprenante, au tueur inattendu et à sa conclusion plutôt dramatique. Pourtant, quelques effets sont dérangeants : que fait cette lumière rouge dans le jardin ? pourquoi cette voiture explose ? Crooked House est donc une adaptation honnête de la romancière la plus adaptée au cinéma mais qui souffre de quelques effets stylistiques ratés et de l’impression que Paquet-Brenner remplit le contrat mais passe à coté d’un classique. L.S.

Secret Story version coréenne

Une maison, plusieurs participants divisés par saisons, autant de secrets que de MST dans Rémy, pas de doute, ce House of the Disappeared est un Secret Story à la sauce coréenne ! Pas de chance, la pauvre Mi-hee s’est faite jarter de la maison après avoir été tenue responsable du meurtre de son mari et de la disparition de son fiston. Plusieurs années plus tard, cette chère Mi-hee n’a plus le profil de Nabila mais veut tout de même retenter sa chance dans la maison. 

Dopé au House at the End of Time (BIFFF  2015), cette réalisation signée Dae-Woong Lim explore le monde des voyages dans le temps dans une même maison où les temporalités s’entrechoquent. Alors pas le temps de niaiser Marty, fais chauffer la DeLorean et emmène nous vers le turfu !

Malgré des prémices quelques peu confuses, ce House of the Disappeared a le mérite de rester cohérent dans son histoire. Et vu les films parfois quelque peu foireux qui s’attaquent au sujet du voyage dans le temps (Man Divided par exemple, poke à Jonathan) ce n’est pas un petit exploit.

Au final, rien de bien neuf sous le soleil mais un film qui tient la route sans pour autant casser la baraque (baraque / maison, oui oui on commence les blagues de seconde semaine). O.E.

Les Russes font la guerre au milieu des pots de peinture

Frontier est la nouvelle grosse production russe à coup de millions de roubles. Cette fois, nos amis slaves explorent leur histoire durant la Seconde Guerre mondiale. Mikhaïl, jeune loup aux dents longues est prêt à tout pour se faire de la tune, même faire semblant de ne pas voir l’importance patrimonial d’un site historique retrouvé dans le sable qu’il souhaite exploiter à la revente. Après un accident en compagnie d’une sexy militante pour la préservation des lieux, Mikhaïl se retrouve au milieu d’une faille temporelle qui le ramène en plein milieu du siège de Leningrad par les Allemands. Que doit-il faire pour sortir de ces allers-retours incessants entre les deux époques ? Serait-ce en rapport avec ses origines familiales indécises ? Les gros sous sont présents à l’écran, c’est une évidence, mais comme souvent avec les films russes, à vouloir concurrencer les américains sur le terrain du blockbuster, ils en récupèrent aussi les vilains tics : scénario bancal, ralentis à outrance, etc. Tout en gardant une certaine forme de kitsch étrange. Ajoutez à tout cela, un style visuel bizarre à coups de pots de peintures explosés sur l’image, cette séance de 22h30 a vécu les honneurs de notre premier départ en milieu de projection. L.S.

Selfie from hell : si c’est une blague, elle n’est pas drôle ! (L.S.)

 Et aujourd’hui, y a quoi ?

Cette deuxième semaine de folie au BIFFF recommence avec, en Ciné 2, la rediffusion de Rendel, le premier super-héros finlandais (retrouvez notre avis ici). Ensuite, RV ou Resurrected Victims, un film coréen à l’accroche imparable : « La vengeance ramène les morts à la vie ». A 19h, découvrez la Chuck Norris aux nicohons, Hunting Emma : c’est sud-africain, c’est sexy, c’est badass. La soirée se prolongera avec Charismata, sous influence de Polanski ou d’Alan Parker, explorera des rites sataniques et des cadavres. Un film plus qu’attendu. Si vous le ratez, il repasse mercredi à 14h ! La nuit se terminera avec Taste of Life, et un film qui s’annonce sexuellement intéressant et portant la mention interdit au moins de 18 ans.

Dans la salle principale, ça annonce du lourd plus mainstream : Veronica, un énième Ouija Movie ; The Scythian, grosse prod slave sur la civilisation Scythes ; Legend of the Naga Pearls, la grosse folie d’heroic-fantasy annuelle chinoise.

Ce lundi, t’auras pas le temps de faire pipi.

 

Olivier Eggermont, Guillaume Limatola, Loïc Smars

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine