BIFFF 2016 : entre le films de 18h30 et 00h30, on dort ?

CINE 1

Veteran

Veteran, de Ryoo Seung-Wan (Guillaume Limatola)

Ryoo Seung-wan revient au genre policier, qu’il avait notamment abordé avec The unjust. Heureusement, Veteran ressemble moins à ce dernier qu’à son précédent effort, The Berlin file. On y retrouve le même savoir faire dans l’écriture de personnages sympathiques, ainsi qu’un rythme similaire, à savoir celui d’un film qui sait prendre son temps, parfois un peu trop, mais qui n’en délaisse pas pour autant l’action. Si elle se révèle moins spectaculaire que dans son très recommandable City of violence, elle n’en est pas moins inventive pour autant, surtout que le réalisateur y adjoint une bonne dose d’humour, déclenchant les rires francs de la salle. Tout du moins dans la première partie du long-métrage. Suivant la lutte d’un policier contre le possible héritier d’une multinationale influente, Veteran n’hésite pas, par la suite, à délaisser ses aspects de comédie afin de dévoiler une face plus sombre, faisant monter la sauce jusqu’à un final galvanisant, tout en égratignant au passage certaines grandes entreprises et leurs dirigeants peu scrupuleux.

Après un The tattooist à l’intrigue aussi vide que le ventre d’une anorexique, nous voici rassurés sur l’état du polar coréen qui arrive encore à produire des œuvres qui se révèlent fortement sympathiques à défaut de totalement renouveler le genre.

martyrs

Martyrs : Mais pourquoi sont ils si méchants ? (Olivier Eggermont)

Mais pourquoi sont-ils si méchants ? Qui ça ? Les psychopathes de Martyrs qui torturent des pauvres filles qui n’ont rien demandé ? Mais non voyons ! Les Américains. Après la reprise des Visiteurs façon égyptienne, on n’avais sûrement pas besoin d’un autre remake pour aller mieux ! Alors oui, ce Martyrs n’est pas mauvais. Normal, les fondations sont bonnes puisque le film français était excellent. Mais de nouveau, on peut regretter que les Américains ne puissent reprendre des films étrangers que pour les faire plus mauvais que l’original. À la poubelle le côté sombre et subversif de l’original. Place à de la couleur et surtout de l’espoir. Et tant pis si on piétine allègrement le scénario original, il faut un « happy end » ! Ou tout du moins, que le film soit moins « politiquement incorrect » que l’original. Même si le casting est bon, cela sonne faux. À l’image de Gérard Depardieu, l’hollywoodisation ne va pas à tout le monde.

CINE 2

kryptonita

Kryptonita, de Nicanor Loreti (Guillaume Limatola)

Réalisé avec ce qu’on imagine être le budget chips de Batman v Superman, Kryptonita transpose à sa manière la justice league dans l’Argentine actuelle. Avec ses super-héros devenus pseudos-gangsters à Buenos Aires, le film aurait pu arborer des airs parodiques. Las, l’humour n’est pas réellement présent, ou pas réellement drôle, malgré la volonté assumée de présenter des doubles potentiels de Batman, Superman et consorts, à l’aide de clins d’œil très appuyés pour que le spectateur assoupi comprenne bien qui est qui. D’où l’impression de se retrouver devant un fan-film étiré, l’action en moins.

Prenant pour prétexte l’arrivée des « super-héros » dans un service d’urgence rapidement encerclé par la police, le film a le bon goût de ne pas miser sur la tension, mais au contraire de se concentrer sur les dialogues. Le bon goût car, vu que tout le monde entre et sort de l’hôpital comme d’un moulin, s’attarder sur du blabla pas vraiment intéressant semble somme toute logique.

Ayant obtenu un succès estimable en Argentine, possiblement grâce à ses personnages un minimum attachants, Kryptonita est d’ores et déjà en train d’être adapté pour la télévision. Derrick a du soucis à se faire face à cette concurrence on ne peut plus sérieuse.

patchwork

Docteur Maboul au BIFFF (Olivier Eggermont)

Patchwork. C’est un beau mot. Ça sonnerait presque bruxellois tellement il fait sourire. Mais il y en a qui se marrent moins à son évocation. Mettez vous à leur place. Si un matin, vous vous réveilliez avec la tête de votre pote Sébastien, les cheveux de votre amis Denis, qui est à moitié chauve, et les vannes de Loïc, cet ami qu’on aime bien mais qui est rarement drôle, vous râleriez aussi ! C’est ce qui arrive à trois filles dans Patchwork. Heureusement, ça donne lieu à des bons moments pour nous ! Drôle et déjanté, le film de Tyler Macintyre arrive à rester crédible tout en proposant une histoire construite et logique. Alors oui, il est 00h30 et nous avons navigué de déceptions en déceptions en ce 1er avril au BIFFF. Mais Patchwork arrive à nous redonner le sourire. Et ça, c’est déjà un exploit.

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Journaliste

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