[Avignon OFF 2023] Naître : un spectacle à 131 battements par minute au Théâtre Alya

© Augustin Maesen

De et mis en scène par Barnabé Dekeyser, avec Manon Romain. Au Théâtre Alya à 16h du 7 au 28 juillet (relâche les mercredis).

La compagnie Vivre en fol Cie est au départ la volonté de deux amoureux de vivre de leur art par tous les moyens. Après de nombreux spectacles pour enfants et de spectacles d’humour, ils reviennent cette année à Avignon avec un projet totalement différent. Naître, un seul en scène joué par la femme, Manon Romain et écris et mis en scène par l’homme, Barnabé Dekeyser. Le sujet du spectacle est universel : explorer les pensées d’une mère qui va bientôt donner la vie, de parler de toutes les mères et les grands-mères car  comme le dit si bien le titre allongé de la pièce : nos grands-mères sont le ventre du monde.

Si le début du spectacle a du mal à trouver son rythme de croisière, laissant le temps à la comédienne de prendre ses marques et d’introduire la suite de la pièce en donnant tout d’abord sa voix à toutes les femmes du monde, le public prend petit à petit conscience que l’histoire va se focaliser sur celle vécue par la comédienne elle-même et de son mari, metteur en scène. La bascule est symbolisée par une brisure du quatrième mur où les deux tourtereaux se parlent et se disputent sur la place des objets servant à la suite du spectacle. Dans ce cas-ci, c’est un accordéon que l’actrice doit trouver pour chanter. Cette chanson, sur les émotions et énervements vécues par une femme enceinte est à mourir de rire et embarque immédiatement le public dans la suite, comprenant enfin la déclaration d’amour des deux parents artistes qu’est cette pièce.

Si la scénographie entraperçue dans les photos prises dans les premières représentations du spectacle à la Templerie des Hiboux promettent beaucoup plus que ce qu’on a vu, la petite salle du Théâtre Alya a permis au final, une plus grande proximité avec le public. Seul vestige d’une décor original, une sphère géante en tissu entourant une autre sphère lumineuse plus petite, est d’une symbolique forte et Manon Romain, en plus de toute l’énergie qu’elle met dans ses nombreuses chansons, déplacements, arrive à mettre au centre cette belle trouvaille qui a ébloui tout le spectacle.

Au final, cette jolie pièce, si elle a du mal un peu à trouver ses marques, n’en devient que plus touchante au fur et à mesure où on se rend compte que c’est une belle preuve d’amour de deux artistes à l’expérience qu’ils ont vécu en devenant parent. Le magnifique texte de Barnabé Dekeyser et l’énergie généreuse de Manon Romain méritent qu’on s’attarde à leur projet même si on ne sent pas concerné par la parentalité car ne sommes-nous pas tous l’enfant de quelqu’un ? La pièce s’achève sur une chanson interprété par Barnabé Dekeyser, apportant à son tour le ressenti masculin de la parentalité qui sert de contrepoint parfait pour clôturer la pièce.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine