« Au bon vieux temps », un essai qui fait froid dans le dos… mais aide à relativiser

Titre : Au bon vieux temps
Auteurs : Marion Cocquet et Pierre-Antoine Delhommais
Editions : Alpha
Date de parution : 2 mars 2022
Genre : Histoire

Alors que de nombreuses personnes sont nostalgiques d’une époque qui semblerait sortie d’une imagerie d’Épinal, c’est avec beaucoup d’érudition que Marion Cocquet et Pierre-Antoine Delhommais dénoncent dans leur essai, Au bon vieux temps, les mythes de la douce France, pays imaginaire où l’abondance et la tranquillité régnaient en maître. Un ouvrage d’autant plus nécessaire que cette nostalgie fait le lit des déclinistes et partis extrémistes, eux qui voudraient nous ramener à une époque qui n’a jamais existé.

Alors que les livres d’histoire évoquent la grandeur passée et les dates clés qui nous ont conduit jusqu’à aujourd’hui, peu s’attardent sur les dures conditions de vie des millions de personnes qui vécurent à côté de quelques privilégiés. Qui se rappelle ainsi des 7 millions de Français morts en l’espace de quatre ans pendant la Peste noire ? De ces enfants victimes de la variole, de la scarlatine, de la varicelle ou de dysenteries, dont la moitié, sous l’Ancien Régime, n’atteignait pas l’âge de 10 ans ? Des mineurs de fond du début du XXe siècle, dans les houillères du Nord ou de Lorraine, victimes des coups de grisou et de la silicose ? Des centaines de milliers d’habitants des bidonvilles à l’époque des Trente Glorieuses, qui méritent aussi le titre de Trente Pollueuses ?

La lecture d’Au bon vieux temps permet dès lors de remettre les événements dans leur contexte en montrant à quel point la vie était difficile et la mort omniprésente d’une part et d’autre part, souligner les évolutions au niveau des mœurs qui font de notre époque, une période beaucoup plus aisée à vivre que les siècles précédents.

Si le lecteur devra faire preuve d’une bonne dose de détachement et de courage pour lire certains chapitres de cet essai, notamment ceux consacrés au travail et à l’éducation des enfants, on ne peut que se réjouir que la généralisation de l’éducation, des lois plus égalitaires et une augmentation continue du niveau de vie ont fait évoluer la société dans un sens positif.