À cheval sur le dos des oiseaux, une claque à vous couper le souffle !

© Alice Piemme

De et par Céline Delbecq, la compagnie de la Bête Noire Avec Véronique Dumont, Assistanat à la mise en scène Delphine Peraya, Scénographie et costume Thibaut de Coster et Charly Kleinermann, Création sonore Pierre Kissling, Lumière Aurélie Perret Du 01 au 15 mai 2021 au Rideau de Bruxelles

«  Des larmes silencieuses coulaient inutilement de ce visage invisible »
Peter Handke

En 2009, Céline Delbecq cofonde la compagnie de la Bête Noire. Une compagnie qui a à cœur d’interroger les tabous et dysfonctionnements de notre société. Toutes les créations ont en communs de donner la parole aux minorités et de laisser entendre leurs voix ; notamment par le biais artistique.  

À cheval sur le dos des oiseaux, nous emmène faire la connaissance de Carine Bielen, une jeune femme issue d’un milieu précaire et mère depuis peu d’un petit Logan. Elle a été mise sous tutelle parce qu’elle a été jugée inapte à se débrouiller seule ; avec pour unique preuve de son incapacité, un résultat chiffré sur une feuille. Ce personnage écarté trop vite de son propre chemin n’aura de cesse de nous le raconter, de nous faire porter un autre regard sur son quotidien bouclé d’avance par le système administratif. Elle nous racontera avec humour, tendresse et surtout une grande justesse, ses peurs, ses joies, son passé et son amour pour son fils. De cette manière, elle entendra peut-être réécrire son histoire. Une histoire humaine qui résonnera, l’espère-t-elle, plus fort que les bruits de la machine à écrire du bureau de police depuis lequel elle nous parle.

Dès le début de la pièce, le personnage de Carine, interprété par Véronique Dumont, nous happe littéralement. Cette femme, qui n’a l’air de rien, mais dont la chaleur humaine nous étreint dès le début, contraste avec la scénographie sobre dans laquelle elle se trouve. Elle ne semble pas se rendre compte dans quelle situation elle est. La lumière vient d’ailleurs illustrer son état d’esprit et ses émotions. En effet, les couleurs d’abord plus chaudes quand elle a le sentiment d’être bien reçue vont ensuite devenir crues et froides lorsque le piège se refermera sur elle. Un piège qui a débuté dès que Logan a pleuré ce jour-là. Un enfant qu’elle a toujours bien traité, mais qui l’espace d’un instant a eu un accident. Pour la première fois peut-être, elle ne voudra pas accepter ce à quoi on la soumet, mais défendra ses droits et ceux de son fils.

Ce spectacle se centre sur une apparente simplicité : Un seul en scène, une chaise, une fontaine à eau, des stores… C’est par ces éléments scénographiques, par le jeu à la fois naïf et profond de la comédienne et par la lumière, que la mise en scène va disséminer la puissance de l’émotion à venir. Une force de frappe contenue en germe depuis le début de la représentation qui viendra nous couper le souffle au sens littéral comme au figuré !