Titre : Restore me
Auteur.ice : Tahereh Mafi
Edition: Michel Lafon
Date de parution : 20 mars 2025
Genre du livre : Dystopie
Avec Restore Me, nous entamons le deuxième volet de la saga Shatter Me. Véritable phénomène outre-Atlantique, cette dystopie politique emprunte les codes de la science-fiction et dote ses personnages de pouvoirs surnaturels. Tahereh Mafi est toujours aux commandes et nous démontre une fois de plus qu’elle maîtrise pleinement son sujet.
Que faire après la guerre ?
Dans les premiers tomes, Shatter Me, Unravel Me et Ignite Me, le thème de la folie occupait l’avant-scène. Juliette, personnage principal de la série, avait été enfermée à un âge précoce dans un asile et oubliée de tous. Elle vivait toute la journée dans une semi-obscurité, sans aucune interaction sociale ou humaine, avec pour seuls compagnons ses pensées de plus en plus irrationnelles. Aaron Warner, le fils du commandant suprême, avait décidé de la faire sortir afin d’instrumentaliser son touché mortel et d’en faire une arme du régime. L’obsession qu’il nourrissait pour Juliette l’a amené à rejoindre le camp des rebelles afin de pouvoir pleinement gagner sa confiance. Une terrible guerre civile a éclaté à la fin du troisième tome, permettant à la résistance de se saisir du pouvoir avec Juliette et Aaron en tant que leaders. Désormais, cette dernière dirige le secteur 45, après avoir tué le précédent Haut Commandant, qui n’était autre que le père tyrannique d’Aaron.
Nous reprenons donc dès le début du livre par une prise de conscience des membres de l’insurrection : se révolter était une chose, gouverner en est une autre. Juliette, malgré les immenses progrès qu’elle a réalisés pour guérir sa psyché fragile et maîtriser ses nouveaux pouvoirs, peine à surmonter ce triste constat. Leur jeune âge, leur manque d’expérience et surtout leur immaturité jouent largement en leur défaveur sur l’échiquier politique, particulièrement lorsque les différents Hauts Commandants répartis à travers le monde envoient leur émissaire officiel.
Aux origines
Dans le premier volet, l’instinct de survie suintait de chaque page. Il fallait combattre un tyran, défendre les siens, s’autoriser l’ivresse de la liberté. La dureté, les chagrins, la maltraitance avaient été le quotidien d’une génération entière qui, à bout de souffle, avait réussi à briser ses chaînes. Le tyran était mort, que faire à présent ?
Dans la franchise Hunger Games, qui s’est également construite autour du principe de la révolte des opprimés, le monde après la guerre n’appartenait plus à ceux qui avaient combattu dans l’arène, trop hantés par ce qu’ils avaient sacrifié pour rester vivants. Cette fois-ci, faute de candidats plus expérimentés, les membres qui ont initié la révolte doivent improviser et espérer s’en sortir. Cette partie occupe une bonne partie de l’œuvre, tout en gardant une forme de spontanéité et d’humour. Ce n’est véritablement que dans la deuxième partie de l’ouvrage que l’on découvre l’axe sur lequel tournera cette deuxième saison : les origines de nos personnages et plus particulièrement celles de Juliette. On voit se dégager progressivement une noirceur et des secrets enfouis refont surface. La fin de l’œuvre est confuse et interpelle, et on sent, comme un chien limier, que le prochain tome nous réservera son lot de surprises et d’horreurs. C’est le modus operandi de Tahereh Mafi, qui construit ses œuvres comme une toile d’araignée, lentement, minutieusement, afin que le piège final se déclenche au bon moment.
Defy Me, le deuxième tome, est déjà en librairie depuis le 20 mars. Nous nous sommes empressés de le saisir dès la fin de notre lecture, il fera l’objet d’un nouvel article très prochainement.