Deadtown des frères Froman au Latitude 50 : un voyage extraordinaire au pays des Cowboys et des Indiens

Scénarion : Ivan Arsenjev & Petr Forman / Mise en scène : Petr Forman / Scénographie : Josef Sodomka & Matěj Forman / Conception artistique de l’intérieur de la tente : Matěj Forman / Chorégraphie : Veronika Švábová, Marek Zelinka & collectivité / Musique et chansons : Marko Ivanovič & Jarda Traband Svoboda / Costumes : Andrea Sodomková / Image animée, Image de film : Josef Lepša / Caméra : Jaromír Kačer / Son et bruitage : Michal Holubec, Marek Poledna (Studio Bystrouška) / Conception de lumière: Igor Schmidt, Petr ‘Goro’ Horký & Petr Forman / Conception de son : Philippe Leforestier & Philippe Tivilier.

CABARETIERS, ILLUSIONNISTES, BANDITS ET BELLES FEMMES : Petr Forman, Veronika Švábová, Marek Zelinka, Jacques Laganache, Daniela Voráčková/Simona Babčáková, Josefína Voverková, Vojta Švejda/Jiří Kniha, Michael Vodenka/Miroslav Kochánek, Ivan ”Zobák” Pelikán, Petr “Goro” Horký, Josef Sodomka/Ivan Arsenjev, Philippe Leforestier, Mitakuye Oyeasin, Jakub Tokoly et Dizzy Gilagio (Didier Castelle, Francois Lezer, Michel Oger, Thierry Malard)

Fils du réalisateur Milos Forman (Vol au dessus d’un nid de coucou, Amadeus, etc.), Petr et Matej ont choisi une autre voie, plus libre, celle du théâtre forain. Ces touches-à-tout aiment mélanger divers styles d’arts et 6 ans après Obludarium, ils posent à nouveau leur chapiteau au Latitude 50, le pôle des Arts de rue et du Cirque de Marchin, petite bourgade du Condroz, à deux pas de Namur et Andenne. Et c’est dans le grand ouest américain que les deux frères nous emmènent cette fois.

Passionnés de l’imaginaire des cowboys et des indiens, les frères Froman impose cette thématique pour livrer au public, un spectacle de qualité. D’un côté, on retrouve les différentes influences des jumeaux : le cirque, le chapiteau, le cabaret, les performances, le chant, l’envie de raconter une histoire. De l’autre, une retranscription époustouflante des influences scénographiques de la culture populaire du western : les bottes,  les chevaux, le saloon, les revolvers, le corbeau, les plaines arides, le début de la photographie, etc.

Au début, on découvre une sorte de Buffalo Bill (un des premiers à avoir créés des spectacles autour de l’imagerie du Far West) tchèque, qui met en scène dans son cabaret la figure du cowboy et de l’indien au moyen de divers numéros de comédies musicales (et ses danseuses de saloon) et de cirque (les performances inouïes de Jacques Laganache et son vélo).

Dans la deuxième partie, on quitte le show pour le rêve et la poésie au milieu de cette fameuse ville de Deadtown. L’éclairage (en symbolisant le grain si particulier des vieilles pellicules cinématographiques), les images animées ou non et les décors font tout pour nous faire entrer dans un film muet et c’est un véritable hommage à ce début du cinéma qui prend forme.

Si ce segment se perd un peu dans la narration et n’évite pas quelques longueurs, on reste subjugué par les trouvailles scéniques : la femme automate, les lampes dans le chapeau des comédiens, les courses poursuites, les chevaux-vélos, la profondeur, quasi 3D des décors, etc. Tout un enchaînement de tableaux plus poétiques et sublimes les uns que les autres.

En définitive, Deadtown mérite clairement de s’enfoncer dans la campagne namuroise pour découvrir ce bijou d’inventivité. Et bien qu’on peine à un moment face aux quelques longueurs du récit, c’est toujours subjugué qu’on se retrouve au milieu du décor du saloon à boire un verre avec les comédiens. Les musiciens, toujours plongé dans le décor, continuant à jouer, imperturbables, à l’image de ce vieux pianiste insensible aux bagarres de comptoir, continuant à jouer, quoiqu’il arrive.

Du 23 au 28 mai au Latitude 50, le pôle des arts du cirque et de la rue, à Marchin.
Plus d’infos sur : http://www.latitude50.be/programmation/spectacles1617/deadtown/

N’oubliez pas de jeter un oeil à l’intrigante installation vidéo Play de Nathalie Maufroy, à l’extérieur :
https://www.play-nathaliemaufroy.com/

Et si l’envie vous prend de commander un verre après le spectacle, pensez à rester écouter la fanfare endiablée, Kermez à l’Est et tentez de ne pas bouger face à la tonne d’énergie qu’ils communiquent :
http://www.kermeszalest.com/

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine