Calcaire de Caroline de Mulder

auteur : Caroline de Mulder
édition : Actes Sud
sortie : février 2017
genre : roman

Humidité, froid, langue rappeuse, langage venant des entrailles, écriture hachée, folle, torturée comme les personnages qu’elle raconte.
Dans une Flandre gangrenée par des idées de droite et par la corruption, une villa sur la route de Maastricht s’effondre, laissant pour morte, Lies, jeune femme abîmée par la vie. Franck Doornen, son amant, effondré par la nouvelle, se lance dans une quête de vérité dans une ville où le mensonge a tout rongé, les gens comme le sol. Ce sol calcaire.

Calcaire dépeint une galerie d’être mis au rebut avec en même temps de la rudesse et de la pitié dans ses mots. Mots avec lesquels Caroline de Mulder crée une atmosphère pesante, se jouant parfois de la syntaxe classique, posant des points où on ne les attend pas, se débarrassant du schéma classique de dialogue pour nous jeter en pleine face, d’un bloc, sans transition ,les mots de ses personnages.

Cette écriture rugueuse, tout comme son histoire, ne se laisse pas attraper facilement, il faut tenir et ne rien lâcher mais cela en vaut vraiment la peine. L’on parle de musique organique, nous pouvons désormais parler d’écriture organique. Quelque chose de très vivant, des mots qui semblent se mouvoir selon une logique interne qui nous échappe de prime abord.

Il y a des histoires qui se racontent d’elles-mêmes et d’autres qui se racontent étroitement en lien avec leur style d’écriture, Calcaire fait partie de cette dernière catégorie. Ponctuant son récit de morceaux de phrases traduites en néerlandais, le récit s’ancre beaucoup plus dans les lieux de son déroulement. Et cela marque la touche originale de ce drame humain, de cette histoire de passion et de désenchantement.

Un livre pour s’émouvoir de, mais aussi avec ses personnages de guingois au milieu d’une Flandre grise, pluvieuse et étrange. Caroline de Mulder signe un roman noir et fort, atypique qui saisira le lecteur sans l’en faire sortir indemne.