Wilderness au National, jusqu’au 27 novembre

De Vincent Hennebicq et Arieh Worthalter, mise en scène de Vincent Hennebicq avec Arieh Worthalter, crédit photo : Hubert Amiel

Du 16 novembre au 27 novembre 2016 à 20h30 au Théâtre National

Le public s’installe et, face à lui, son reflet, celui du groupe qu’il forme, dans une vitre. La lumière disparaît, le silence s’installe et un visage apparaît, celui du comédien Arieh Worthaler. Comme si le premier chapitre d’un livre pouvait parler, il se met à raconter.

Wilderness est le récit performatif d’un homme parti en ermitage un peu par volonté, un peu par hasard. Couper du bois, pécher, lire ; à l’été, accueillir et supporter des touristes ; ensuite, couper du bois, pêcher, lire… Se retrouver face à soi-même, dans l’immensité et la solitude qu’on a cherchées. Peut-être revenir, encore plus inadapté qu’avant à l’existence que l’on a fuie. « Est-ce que la vie dans les bois est une  fuite ? Un jeu ? Une quête ? Une expérience ? ». N’est-ce pas un peu tout cela ?

Un ermitage dans une cabane, cela ressemble au livre de Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie (2011). La similitude se retrouve également dans le texte du comédien, dans le goût pour la formule, et dans un certain mépris pour les gens. Le comédien se fait un plaisir de dézinguer ses touristes de contemporains dans des imitations à la fois drôles et prétentieuses.

Mais ce n’est pas du bluff, Arieh Worthaler sait de quoi il parle. « De la Jungle Amazonienne aux forêts du Canada où il a passé un hiver en cabane à se frotter aux limites de sa solitude, en passant par les Hautes Andes et l’ambiance envoûtante de la Nouvelle Orléans, Arieh a erré deux années durant, en solitaire, sa guitare sous le bras »[1]. Il nourrit donc le spectacle de sa propre expérience, et de sa musique, puisqu’il interprète sur scène des chansons de blues.

Pendant tout le spectacle, le comédien évolue derrière la vitre devenue transparente. Ce n’est plus un miroir, mais la paroi d’un vivarium. Sauf qu’en lieu et place d’insectes, nous observons un homme et le (fantasme du) Grand Voyage. Ce voyage a réellement lieu : grâce à la mise en scène, aux décors et aux jeux d’éclairage somptueux, nous sommes ailleurs, là-bas, et nous traversons les saisons. Grâce aussi au jeu de comédien d’Arieh Worthaler et à sa voix modulable qui donne vie à plusieurs personnages dans d’autres langues.

Wilderness est un échantillon de deux heures de voyage. Le spectacle se vit à la fois comme un récit et comme une expérience. Et surtout, surtout, comme une magnifique performance de théâtre.

[1] Descriptif de la pièce sur le site du Théâtre National (cf. http://www.theatrenational.be/fr/program/698/WILDERNESS&tab=Info)

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