Un triptyque porté par David Murgia : Pueblo, Laïka et Discours à la nation

© Céline Chariot

Texte et mis en scène d’Ascanio Celestini, avec David Murgia. Musique de Philippe Orivel Traduction et adaptation de Patrick Bebi & David Murgia. Du 08 au 11 juin 2022 au Rideau de Bruxelles – suivi de Laïka (15 au 17 juin) et de Discours à la Nation (22 au 25 juin).

Ce mois de juin 2022, le Rideau de Bruxelles nous propose un triptyque porté par David Murgia : Pueblo, Laïka et Discours à la nation. L’occasion pour les spectateurs qui ne connaîtraient pas encore la plume d’Ascanio Celestini de se plonger dans une œuvre au confluent de l’ironie et de la farce, de la satire politique et de la réalité crue.

Pueblo, c’est d’abord un regard lancé à travers la fenêtre d’en face qui plonge le spectateur dans une succession de récits. Le récit de cette vieille dame qui boit de la soupe lyophilisée à côté de sa fille, caissière au supermarché. Le récit de cette clocharde qui ne fait pas la manche et celui d’un gitan de huit ans qui fume. C’est l’histoire d’un manutentionnaire immigré qui travaille à l’entrepôt, ou de cette tenancière de bar qui gagne sa vie grâce aux machines à sous. Mais Pueblo, c’est surtout l’histoire de toutes ces personnes dont on ne connaît pas le nom. L’histoire de ces gens tels qu’ils sont avant que la violence du monde qui les entoure ne les réduise à un misérable concept.

Sur scène, David Murgia. Une heure trente durant, il enchaîne les mots avec un rythme effréné pour nous conter l’histoire de ces oubliés dans une logorrhée qu’il maîtrise à la perfection. Osons le mot : ce soir, David Murgia est magistral. Sa frénésie est percutante, ses silences parfaitement maîtrisés. La salle entière est suspendue à ses lèvres. Derrière la simplicité de son jeu se cache une profondeur immense.

Pour accompagner cette subtile partition : Philippe Orivel, au piano et à l’accordéon. On ne se lasse pas de la pureté de ces notes posées sur la voix d’un homme. La musique sublime avec une telle force la prestation du comédien qu’on en vient même parfois à oublier qu’elle est là. Les deux se confondent pour former un moment d’une beauté sans pareille. Les destins brisés des différents personnages défilent avec une douceur infinie. Tantôt drôles, tantôt tristes, mais toujours émouvants, gageons que les mots d’Ascanio Celestini ne quitteront pas les spectateurs de sitôt. C’est indéniable : la rencontre entre l’auteur romain et le comédien belge a donné lieu à une symbiose unique qui porte et qui envoûte. De cette collaboration est né un spectacle auquel on ne changerait rien tant sa justesse dépasse l’entendement.

Portés par le même duo, Laïka et Discours à la nation sont, quant à eux, à découvrir jusqu’au 25 juin au Rideau de Bruxelles. C’est drôle, c’est triste, c’est beau : c’est à ne manquer sous aucun prétexte.