Ubu Roi aux Martyrs jusqu’au 12 décembre

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D’Alfred Jarry, mise en scène de Dominique Serron avec France Bastoen, Vincent Huertas, François Langlois, Réal Siellez, Laure Voglaire et Luc Van Grunderbeeck

Du 12 novembre au 12 décembre 2015 au Théâtre des Martyrs

La programmation de cette année aux Martyrs est marquée par deux créations autour de classiques du théâtre absurde : Ubu Roi d’Alfred Jarry et Rhinocéros de Ionesco. Nous étions à la première des frasques du Père Ubu. Pour le meilleur mais aussi parfois pour le pire.

Tout commence par un salut à un public imaginaire, dos tourné au véritable public du soir. Une fin de spectacle, sûrement Macbeth de Shakespeare (qui a fort influencé la trame inventée par Jarry). Petit à petit, de congratulations en rangements d’accessoires des vrais faux comédiens, une nouvelle histoire va se créer en coulisse (la scène que nous voyons) et laisser les acteurs se transformer en personnages fous d’Ubu Roi.

Le couple bouffon composé du Père Ubu et de la Mère Ubu se décide à renverser Venceslas, Roi de Pologne accompagné d’une poignée de fidèles (les Palotins) et du Capitaine Bordure. Le tout rapidement mené, Père Ubu n’a plus qu’une idée en tête, s’enrichir, s’empiffrer et porter une grande Capeline. Si tout le monde accepte dans un premier temps son autorité, Ubu oublie de récompenser ceux qui l’ont soutenu et va fatalement finir détesté de tous. Mais la cruauté ne meurt jamais…

Ubu Roi, chef-d’œuvre du surréalisme et de l’absurde, utilise cette histoire cruelle pour dénoncer son monde et plonger totalement dans une folie bouffonne. Si le héros est couramment considéré comme bonhomme et comme un enfant un peu boudeur, arrivé là par hasard, la troupe de L’Infini Théâtre a dès le départ une tout autre approche. Les acteurs jouent leur partition de manière sérieuse, parfois dramatique et si le sourire est bien présent, on est étonné de voir un jeune homme et une jeune femme tout ce qu’il y a de plus normaux jouer deux laiderons disproportionnés. Le sérieux de leur interprétation rendant le tout parfois trop dramatique. S’ils mêlent acteurs et marionnettes (comme le préconisait d’ailleurs l’auteur), amenant une folie bienvenue, les acteurs se laissent de plus en plus aller à des tableaux paillards et orgiaques qui peuvent déranger et éloigner le spectateur de l’histoire originale.

Si l’axe choisi de jouer sérieusement un texte qui ne l’est pas, pour en ressortir tout son absurde est intéressant ou que la vision de faux sexes en plastique est assez rigolote, l’escalade dans une certaine forme de trash n’est pas forcément le plus à propos (scène d’orgies, viol plus ou moins consenti pendant une guerre, etc.).

Malgré tout, le talent des acteurs et les idées originales apportées à un texte très connu, permettent de passer un bon moment au Théâtre de la Place des Martyrs. Mais on ressort de la salle, entre le fait d’être venu pour le meilleur mais peut-être aussi un peu pour le pire.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine

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