Time Shadows – Vol.1, doubles maléfiques et boucle temporelle

Scénario : Yasuki Tanaka
Dessin : Yasuki Tanaka
Editeur : Kana
Sortie : 21 juin 2019
Genre : Manga, Shonen

Suite à la mort de son amie d’enfance Ushio, Shinpei revient sur Hitogashima, l’île où il a grandi, afin d’assister à l’enterrement de la jeune femme. Là, il retrouve notamment Mio, la jeune sœur d’Ushio, et Sô, un autre ami d’enfance. Il découvre également que de mystérieuses « ombres », sortes de doubles parfaits (« doppelgängers ») des habitants de l’île, tentent de prendre la place de leurs originaux. Et quand Shinpei est tué par l’une de ces ombres, le voilà qu’il se met à revivre la même journée, comme s’il était coincé dans une boucle temporelle qu’il ne pourrait débloquer qu’en résolvant le mystère des ombres.

Un éternel recommencement

Time Shadows se situe donc au confluent de plusieurs trames connues de fantastique ou de science-fiction, entre le récit d’invasion, la peur des doubles maléfiques et la boucle temporelle, grand classique théorisé et sanctifié par le film Un jour sans fin. Le tout se déroulant dans le cadre d’’une communauté fermée constituée par cette île, configuration qui fait indirectement penser à quelques séries d’enquêtes américaines ou anglo-saxonnes, dont la plus prestigieuse et la plus pertinente dans ce cas n’est autre que Twin Peaks.

Des influences multiples

Cette multitude d’influences et ce mixage quelque peu décomplexé donne au premier tome de cette série – laquelle semble logiquement encore chercher ses marques – un aspect d’objet hybride mais sympathique, ouvrant en tout cas sur beaucoup de pistes, lesquelles sont abordées de manière ludique. Ce type de récit, faisant intervenir des retours en arrière et donc propice à la répétition scénaristique, a le mérite de mettre son lecteur dans une position interactive toujours stimulante, en l’exhortant à suivre les pas du héros, à adopter les mêmes sentiers de réflexion et à tâtonner avec lui dans les méandres d’une intrigue déchiffrable au fur et à mesure d’un dévoilement progressif et de répétitions conçues dans cet esprit.

Si, graphiquement, le trait de Yasuki Tanaka est parfois déroutant tant il alterne entre des dessins nourris de détails et de précision, et d’autres plus brouillons, plus impressionnistes, c’est principalement par son intrigue – en tout cas concernant ce premier tome – que Time Shadows réussit le pari d’accrocher son lecteur, lequel peut donc s’agripper aux références qui lui parleront le plus pour déambuler dans un récit qui s’annonce complexe.