
The Last Showgirl
Réalisatrice : Gia Coppola
Genre : Drame
Acteurs et actrices : Pamela Anderson, Dave Bautista, Jamie Lee Curtis
Nationalité : USA
Date de sortie : 16 avril 2025
Révélée par la série culte des années 1990, Baywatch, qui l’a consacrée sex-symbol incontesté et dont elle a parfaitement incarné le zeitgeist à coups de déhanchements suggestifs et de maillots de bain ultra-échancrés, Pamela Anderson est restée figée pendant des décennies dans ce stéréotype.
Après le rôle de la séduisante sauveteuse Casey, Anderson peine à être prise au sérieux : après quatre saisons dans V.I.P. et une relation publiquement tumultueuse avec Tommy Lee, l’actrice est reléguée au statut de candidate de télé-réalité, comme dans Dancing With The Stars. Son retour s’opère cependant dans les années 2020 : en 2022, elle monte sur les planches à Broadway, surprenant la critique, puis trois ans plus tard, elle revient au cinéma avec The Last Showgirl, le dernier film de Gia Coppola.
The Last Showgirl se déroule à Las Vegas. Shelly est danseuse dans un spectacle emblématique de la Sin City, Le Razzle Dazzle, héritier de la tradition du Lido de Paris, aujourd’hui réduit à une relique du cabaret. À cinquante-six ans, Shelly fait partie de la troupe depuis trente ans, occupant divers rôles. Et si l’annonce de la fermeture irrite les danseuses couvertes de strass et de bijoux, pour l’héroïne de Coppola, l’avancée de la modernité et la fin du spectacle marquent une confrontation brutale avec la réalité et une véritable crise existentielle.
Shelly est bornée et brillante à la fois : c’est une showgirl, l’incarnation d’un monde désormais oublié. Elle se perçoit comme une artiste : élégante, polyvalente, sensuelle, jamais vulgaire. Et lorsque sa fille — une photographe en devenir qu’elle n’a pas élevée — l’accuse de l’avoir abandonnée pour un vulgaire strip-tease, Shelly rétorque vivement, défendant bec et ongles son statut de danseuse. Elle aime sa cage dorée, et la revendique jusqu’au dernier show.
Le retour derrière la caméra de Coppola semble plus réussi que ses précédentes tentatives : malgré les limites du cinéma indépendant, et l’occasionnelle superficialité ou inconsistance du film, le choix du 16 mm fonctionne particulièrement bien, restituant efficacement l’esthétique camp des boas et des paillettes du Razzle Dazzle. Après le très maladroit Palo Alto (2013), qui semblait tout droit sorti d’une page Tumblr, Gia Coppola paraît cette fois capable de mener le récit avec assurance et de diriger efficacement son casting, dans lequel on retrouve, entre autres, une incroyable Jamie Lee Curtis.
On repère aisément des parallèles avec un autre grand retour de la saison : celui de Demi Moore dans The Substance. Dans les deux cas, il s’agit d’actrices qui défient le même système hollywoodien qui les a enfermées dans des idéaux de beauté et de jeunesse éternelle. Mais ici, le sujet est abordé à travers un regard plus intimiste et, si Shelly et Anderson partagent cette même voix fluette et mélodieuse, au point de parfois se confondre à l’écran, Pamela Anderson prouve, une bonne fois pour toutes, à quel point elle est captivante — et bien loin de la superficialité du stéréotype de l’éternelle poupée écervelée chère à Hugh Hefner.