Rêveries : de l’instagram dans les pinceaux.

Scénario : Sibylline Meynet
Dessin : Sibylline Meynet
Éditeur : Dargaud
Sortie : 20 janvier 2023
Genre : Beau livre

Bonne nouvelle pour les 800.000 followers de Sibylline Meynet, sa page instagram est devenue livre. Dans un recueil qui répond au doux nom de rêveries, la jeune femme jette sur le papier tout ce qui lui traverse l’esprit et qui semble lié à sa pratique artistique. De la dissection de son espace de travail à l’apprentissage des couleurs, en commençant par une tirade bienveillante sur l’importance de s’accrocher à ses rêves, Sibylline Meynet nous confie dans ce livre de cuisine pour illustrateurs amateurs, les recettes de son succès. Elle nous concocte une véritable tambouille de trucs et astuces pour ceux qui ont toujours rêvé de forcer la porte de ses dessins, de se glisser dans l’envers de ses décors bleutés.

Mais si vous ne connaissez pas son travail – ou pire que vous n’êtes pas séduit par son univers qui insuffle dans la tradition de l’illustration, et ce qu’elle a de plus codifiée, une touche un peu mode et moderne – il est fort à parier que vous serez peu intéressés par le contenu de ses Rêveries. Elle enrobe les quelques conseils utiles qu’elle y distribue, d’une grosse couche de réflexions balbutiantes, des belles histoires de l’artiste qui vit de sa passion et de paroles mielleuses adressées à sa communauté.

Nombrilisme

Dans ce conte de fées qu’elle nous raconte, il n’y a pas de place pour ce qui tâche. Même dans ses galères, tout semble écrit pour donner envie. Et étrangement, il y a une partie forcément liée à sa pratique et qu’elle occulte complètement, c’est son usage des réseaux sociaux. Sibylline Meynet est, certes, une artiste qui passe une partie de son temps à créer, mais elle est fort probablement une bonne communicante dont le travail est aussi de faire du community management. C’est dommage que cette double casquette ne soit que très peu évoquée. Et nul ne sera donc surpris que son livre prenne presque l’apparence d’une page instagram dans laquelle elle s’épanche sur elle, son travail, en prenant soin de donner à sa vie d’artiste un aspect très séduisant, conférant à ses Rêveries un côté un peu nombriliste, mais en toute humilité. Déformation professionnelle peut-être.

Ceci dit, elle s’évertue quand même à donner des conseils qui peuvent se révéler utiles essentiellement pour celui qui débute. Son cheval de bataille étant sa capacité à passer du numérique au dessin traditionnel ainsi que sa maîtrise de la couleur, elle théorise, à son échelle, ces différents points, d’une manière qui ne semble à la fois pas dénuée de bon sens tout en restant accessible. Cela lui permet de toucher un nouveau public : les ados ayant grandi avec les réseaux et curieux de s’améliorer dans l’illustration. Même si son travail manque parfois un peu d’inclusivité – les personnages qui naissent de son imagination sont toutes de belles nymphes, jeunes et minces – elle a la transparence nécessaire pour accompagner les jeunes et faire naître des professions.