Recomposées, jusqu’au 30 septembre au Poche

© Lara Herbinia

Mise en scène de Julie Annen. Avec Arnaud Botman, Ninon Perez, Diana Fontannaz. Du 12 septembre au 30 septembre 2023 au Théâtre de Poche.

A quoi s’attendre ?

Avec cette nouvelle création, le théâtre de Poche aborde le thème – ô combien contemporain – des familles recomposées après divorce de l’un ou des deux partenaires. Plein d’humanité, d’humour et de tendresse, ce spectacle met en scène trois excellents acteurs (Ninon Perez, Diana Fontannaz et Arnaud Botman) et propose une déferlante de saynètes illustratives des situations drôles, absurdes ou tragiques vécues par les enfants, parents et beaux-parents au sein d’une famille recomposée. Les discussions s’ouvrent sur le cas d’une jeune femme qui découvre que l’élu de son cœur a trois enfants. Dans le feu de l’action, elle n’avait pas pensé à le questionner sur son éventuelle progéniture. Doit-elle abandonner ? En fait, personne n’a jamais rêvé de fonder une famille recomposée !

Les points forts

Les échanges fusent ! Il y a cet homme qui n’a jamais voulu être père, qui se retrouve parent de trois enfants, et qui adore ça ! Il y a aussi cette jeune fille qui voudrait dire à son père que sa compagne est vraiment trop bête et qui fond à la dernière minute en mesurant l’impact positif de sa gentillesse ou encore cette constatation de partager son intimité avec l’ex via les enfants. Il y a les vraies marâtres plus méchantes que dans « Cendrillon », ou encore, ce grand-frère de 18 ans qui sort en courant, nu, de la chambre de sa « nouvelle » sœur de 13 ans. Cette cascade de situations disparates donne énormément de rythme à la pièce. Quelques pauses musicales entrecoupent le flot de paroles, précieux instants mettant en valeur la voix argentine des deux actrices (« A perfect day », « We are family »…).

Le texte

Entre les parents qui se sont séparés « à l’aimable », la triste constatation que « l’amour d’un père, ça ne tient parfois qu’à une pipe » ou la « maman de bras », belle-mère beaucoup plus câline que la mère, le texte contient quelques pépites. C’est à Julie Annen (compagnie PAN !) que l’on doit l’écriture et la mise en scène du spectacle. Après La pomme empoisonnée (prix de la ville de Huy cet été), qui relatait les vicissitudes du rôle de belle-mère, l’autrice suisse s’inspire à nouveau de son vécu de (belle-)mère de 5 enfants en élargissant la portée du sujet. Une cinquantaine de témoignages sont venus consolider son expérience personnelle.

Tout l’intérêt du spectacle

Spectacle émouvant, drôle, touchant, beaucoup s’y reconnaîtront d’autant qu’environ 15% des familles sont recomposées. Pourtant on parle peu de cette nouvelle forme de famille de plus en plus fréquente. Partant du constat qu’elle suscite pas mal de détresse, de chagrin et de misère, il paraît important d’aborder ce sujet, au théâtre, mais aussi sur toutes les plateformes prêtes à l’accueillir. Curieusement, et ce malgré les passages dramatiques, la pièce donne une image plutôt réconfortante de ce nouveau type de cohabitation. Elle n’oublie pas non plus de rappeler que le beau-parent n’a aucun droit sur l’enfant, alors qu’il s’est investi de nombreuses années. Du théâtre tout à la fois documentaire et divertissant, un must !