[Ramdam 2017] 3000 nuits : le conflit israélo-palestinien vu d’une prison

Réalisateur : Mai Masri
Avec : Maisa Abd Elhadi, Nader Omran, Raida Adon, Abir Haddad, Karim Saleh
Origine : Palestine
Genre : Drame
Année : 2017
Durée : 103 minutes

Mai Masri a développé son film après la rencontre d’une palestinienne ayant vécu ce que l’héroïne subit pendant le film. Si le message est louable, que vaut cinématographiquement 3000 nuits et est-ce que la réalisatrice évite le manichéisme parfois inhérent à ce genre de film-pamphlet ?

Le film suit la trajectoire de Layal qui se fait arrêter de manière arbitraire pour avoir pris en voiture un jeune palestinien blessé et soupçonné d’avoir participé à un attentat. Son geste humaniste sera pris par les autorités pour de la complicité et elle est condamnée à 8 ans de prison. Entre les prisonnières politiques palestiniennes et les droits communs israéliennes, la vie n’est pas toujours facile. Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, Layal décide de garder son enfant et un peu d’espoir renaît au milieu de la désolation.

3000 nuits est tourné intégralement dans une ancienne prison jordanienne, ce qui confère au film une authenticité certaine. Malgré tout, la qualité globale de l’interprétation dérange. Si l’héroïne est interprétée de manière intense par Maisa Abd Elhadi, les personnages secondaires frôlent souvent avec la caricature. Combinés avec des séquences facilement larmoyantes, le jeu des actrices et l’intensité de l’histoire arrivent peut à nous émouvoir et n’a, au final, pas l’effet escompté. Les quelques moments exceptionnels que comporte ce long-métrage sont évincés par cette difficulté de rendre crédible cette vie carcérale.

Tout ceci appuie la conséquence d’un manichéisme embêtant. Les Israéliennes sont très méchants et les Palestiniennes sont des héroïnes courageuses. Si le fait que beaucoup de Palestiniens ont été enfermés arbitrairement, on est dérangé par ce pamphlet accusatoire qui n’accuse qu’une partie d’une population ancrée dans un conflit dont la prise de position est dangereuse. Et ce n’est pas la prisonnière repentie et une avocate humaniste qui changeront la donne. Mai Nasri appuiera le message par des images documentaires à la fin de son film.

Au final, 3000 nuits a un but louable : dénoncer l’incarcération excessive de prisonniers politiques palestiniens par le biais d’une histoire émouvante d’une femme qui se bat pour son honneur et pour son enfant, né en prison. Mais les effets parfois facile, l’interprétation caricaturale et la prise de position excessive empêche le message de passer auprès d’un spectateur neutre. Un film qui dérange mais qui ne séduit pas totalement.

 

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine