Poucet au Poche jusqu’au 18 septembre

© Fabrice Mertens

De Nicolas Turon et Didier Balsaux, interprété par Didier Balsaux. Du 24 août au 18 septembre 2021 au Théâtre de Poche.

« Tout le monde connaît l’histoire du Petit Poucet ! Mais entendre une histoire ce n’est pas connaître la vérité. »

Et une histoire est toujours plus plaisante à entendre lorsqu’elle est bien racontée. Justement, Didier Balsaux est ce genre de conteur qui émerveille petits et grands, qui fait ouvrir grands les yeux et qui supprime le monde qui nous entoure, le temps d’une histoire.

Le public est sagement installé autour de la scène. Tous transformés en enfants pour l’occasion, nous attendons l’histoire. Un homme à la barbe grise entre. Qui est-ce ? Où est le petit Poucet ? C’est lui ! Enfin… C’était lui. Mais avant de devenir cet homme, il a vécu de grandes aventures et nous sommes là pour les découvrir.

Pour commencer, plantons le décor. Car si Didier Balsaux est seul sur scène, très vite, les spectateurs deviendront ses assistants. Nous sommes la forêt, nous sommes les loups, ses frères, … Sans oublier son chien « Le chien ». Voilà ! Nous sommes parés pour ce voyage au royaume de l’imaginaire, des contes et de l’esprit enfantin. Pourtant, ce n’est pas un spectacle uniquement pour les enfants. Le récit s’écoute avec différentes oreilles. Si les adultes comprennent qui est le vrai père de Poucet, les marmots se contentent de ce qu’ils voient.

Et la scène est très belle à découvrir. Quatre lieux bien spécifiques, un meuble, des cailloux et tout nous apparait comme si nous étions également au milieu de cette forêt.

Les personnages sont de très belles marionnettes de bois qui prennent vie au premier coup d’œil. Touchantes, attachantes ou froides et cruelles. On sait à quels pantins se fier et lesquels éviter. Didier Balsaux jongle parfaitement entre ses personnages et crée une magnifique connivence avec le public (il suffit de quelques clins d’œil ou de murmure et ses assistants improvisés le suivent à la baguette).

Ce récit, qui semble pourtant connu et archi connu de tous, nous est pourtant offert avec une telle fraîcheur qu’on s’accroche à la moindre parole du conteur. Les enfants restent figés, le regard fixé sur l’histoire et la bouche grande ouverte d’émerveillement. Le public rit, sourit, rit encore et encore et se fait surprendre par l’arrivée de nouveaux personnages. On oublie presque la cruauté racontée. Pourtant Poucet ne met pas de gant lorsqu’on découvre l’inexorabilité de sa mère infidèle qui n’exprime aucun amour pour ses rejetons ou encore cet ogre violent avec sa femme. Car oui, la violence est bien présente mais elle est dissimulée dans le merveilleux. Et puis, ce n’est qu’un conte. Non ?

Les spectateurs sont arrivés perdus, ont retrouvé leur chemin en cours de route mais repartent les pensées égarées. Était-ce un songe ? Ce récit qui défile sur scène à grande vitesse et à grand enchantement se termine pourtant trop vite. Nous sommes satisfaits mais tout de même un peu frustrés par une fin un peu brusque. Nous aurions voulu que le Poucet nous raconte encore d’autres histoires, d’autres aventures. Après les applaudissements, Didier Balsaux invite les enfants à venir discuter avec lui. Parler de l’histoire, des personnages, de ses marionnettes. Poucet continue d’être lui-même par-delà le rideau et nous sommes impatients d’entendre de nouveaux récits.

A propos Christophe Mitrugno 62 Articles
Journaliste du Suricate Magazine