More

    Ouloulou x TANTRUM. Spermatozoïdes de petits mammouths x kekettes molles 

    Alors qu’on annonce le début du spectacle, dans le hall d’entrée du Théâtre de la Vie, et adresse les habituelles requêtes pour éteindre son téléphone, un grand cri surgit de nulle part. Enfin, si, de là-haut, du plafond. Le cri est accompagné d’une tête, à l’envers, une tête goguenarde qui entremêle rires et propos graves : « et vous, votre enfance a-t-elle été aussi moche que la mienne ? » nous dit la tête. Et puis de nouveau, un grand rire. La tête est accompagnée d’un corps, que nous suivons benoîtement, notre curiosité piquée à vif. 

    La salle tout en briques nous accueille tandis que les actrices et acteurs présents sur scène font leur petite popote. Costumés comme les tortues ninja, chacun chacune ayant sa couleur, ils se maquillent, elles marchent dans l’espace. Sur le sol, des marques limités par du tape. Le mot MORT indiqué en gros, en diagonal, plus ou moins au centre du plateau. Contre le mur, des tapis de gymnastique contre lesquels et sur lesquels les artistes viendront se projeter, pour tenter de mieux rebondir. 

    Et là, l’homme dont la tête était apparue du plafond se transforme soudain en joker ou en maître de cérémonie d’un match d’impro sans compétition. Il s’assied alors dans le public, remettant son jeu d’acteur à plus tard, pour régulièrement demander à la troupe ce qu’ils sont en train de faire, là, maintenant, tandis qu’ils et elles lui répondent, de manière plus ou moins inspirée, faisant mouche ou non (de l’impro basique, donc). 

    Cette sensation d’assister à un cours d’improvisation d’une école dramatique bruxelloise est assez désagréable, d’autant plus que le public est assez jeune, comme s’ils étaient les prochains à monter sur scène, après les remarques de la professeure. D’ailleurs, le rire fusse, souvent des mêmes personnes assises à côté de nous. Les applaudissements finaux feront revenir l’équipe quatre fois pour se courber, en sueurs, déjà presque déshabillée, devant nous. 

    Ce qui m’embête le plus, dans ce genre d’exercice, c’est la sensation de « mensonge sur la marchandise ». Alors qu’on nous vend un spectacle sur l’enfance et la mort, la prémisse créatrice de Ouloulou est : « et si » on interprétait des enfants qui s’amusaient avec de multiples « et si ». Ils et elles vont donc se lancer des sorts, se battre pour du faux (ou du vrai ? La réflexion n’ira pas jusque-là), jouer avec leurs kekettes (blague récurrente), s’envoyer des spermatozoïdes de mammouth, faire semblant de mourir, se suspendre à des cordes, et… c’est à peu près tout. 

    Au-delà du fait que le niveau des comédiens et comédiennes est inégalement réparti, Antoine Cogniaux étant, de par son jeu physique et son énergie, celui qui tire la troupe, c’est assez décevant d’assister à un spectacle où des gens font semblant de jouer. Toujours dans le registre de la performance, jamais ils ne se mettent en fragilité ou ne prennent beaucoup de risques. Et on ne peut pas vraiment dire que le rythme se fait par à coup, il n’y aucun rythme. La scène finale dansante avec cette musique horripilante de notre enfance qui dure une plombe n’aide pas leurs affaires. 

    Alors, si vous aimez l’impro et voir des gens faire n’importe quoi en racontant de temps en temps des trucs graves (ma mère est morte quand j’étais enfant), avant de refermer directement la parenthèse, le spectacle est pour vous. Pour les autres, pour ceux et celles qui attendent des dialogues construits, des personnages ou du jeu intérieur, une vraie dramaturgie scénarisée, pensée, avec un début et une fin, avec une raison pour laquelle on pose innocemment et en grand le mot « mort » sur le plateau, en bref, une écriture de spectacle, passez votre chemin et attendez plutôt le retour des « Chatouilles » d’Andrea Bescond à Bruxelles, dans le registre « mort des jeux enfantins ».

    Derniers Articles

    Conception et mise en scène Antonin CompèreInterprétation Antoine Cogniaux, Antonin Compère, Samuel Du Fontbaré, Elisa Firouzfar, Mattéo Goblet, Gwladys LefeuvreDu 13 mai au 24 mai 2025Au Théâtre de la Vie Alors qu’on annonce le début du spectacle, dans le hall d’entrée du Théâtre de la Vie, et adresse les habituelles...Ouloulou x TANTRUM. Spermatozoïdes de petits mammouths x kekettes molles