On ouvre ! Le grand retour de la THANKSGalerie

Exposition « On ouvre ! » à la THANKSGalerie. © THANKSGalerie
Exposition « On ouvre ! » à la THANKSGalerie. © THANKSGalerie

La THANKSGalerie rouvre ses portes après trois ans de silence au sein d’un bâtiment du XVIIème siècle Rue des fripiers à Mons. L’exposition On ouvre ! est l’occasion de découvrir ou redécouvrir les œuvres d’une douzaine d’artistes aux pratiques hétéroclites.

Installations, collages, peintures à l’huile et cadavres exquis se côtoient au sein de l’espace d’exposition fraîchement repeint. Les œuvres ne sont accompagnées d’aucune notice explicative ou mise en contexte, ce qui respecte la volonté de certain des artistes de laisser le public se faire sa propre interprétation de leurs travaux.

Délicates ruines

On y retrouve ainsi Récit encrés, une série d’impressions pigmentaires réalisée par l’artiste belge Claire Ducène. Constituée d’une nébuleuse de photographies en noir et blanc en surimpression sur ce qui semble être des tâches d’encre, la série invite à questionner le rapport aux images, aux traces du passé et à l’oubli. Le travail de flou et de superposition donne un aspect énigmatique et hors du temps aux espaces photographiés, tout en leur conférant une aura vaguement menaçante et délétère. Qu’a-t-il bien pu se passer dans ces lieux qui semblent abandonnés ? En reste-il quelque chose aujourd’hui ? La série s’inscrit en ligne direct dans l’ensemble de la réflexion plastique de l’artiste, s’articulant principalement autour de la mémoire, son absence et l’ambiguïté de ses formes possibles.

Récit encrés, Claire Ducène © THANKSGalerie
Récit encrés, Claire Ducène © THANKSGalerie

Dans une atmosphère similaire, les délicats et minuscules paysages de Samuel Coisne émergent de pièces de bois de couleurs variées. Semblables, à première vue, à de simples morceaux de bois déchiquetés, il faudra se rapprocher pour apprécier la finesse des détails de ce qui évoque ici un ensemble de gratte-ciels ou les contours d’un village, jaillissant de la déchirure des fibres de bois. Jouant entre destruction et reconstruction, ces édifices touchant de fragilité et de poésie suggèrent la possibilité d’un renouveau à travers les décombres.

Landscapes, Samuel Coisne © THANKSGalerie
Landscapes, Samuel Coisne © THANKSGalerie

Intrigantes créatures

Parmi les travaux attirant rapidement l’œil, on s’arrêtera également devant I have a giant inside me de Julien Brunet. Des trois peintures de l’artiste exposées, celle-ci est particulièrement mystérieuse. On peut y voir ce qui ressemble à un petit animal non identifié, apparemment mort ou endormi, reposant sur ce qui pourrait aussi bien être une pelouse mal entretenu que des flammes mystiques. La créature, savamment détaillée, contraste avec son environnement beaucoup plus flou. Son air paisible et sa posture allongée la font ressembler à un gisant d’un univers parallèle, là où chimères et hybrides sont dignement inhumés selon des rites immémoriaux. Le titre de l’œuvre, disponible sur le site web de la galerie, peut emmener le public vers un tout autre récit, ou simplement brouiller davantage les pistes.

I have a giant inside me, Julien Brunet © THANKSGalerie
I have a giant inside me, Julien Brunet © THANKSGalerie

Un peu plus loin, Batmanbat, la chauve-souris empaillée et transpercée d’un pin sur lequel figure le logo du célèbre homme chauve-souris, trône crânement, toutes ailes et dents dehors, dans un modeste cadre en verre. Epinglée comme un papillon exotique et figée dans un mouvement d’attaque, la pauvre bestiole suscite le rire autant que la compassion. Son créateur, Pascal Bernier, semble prendre un malin plaisir à malmener les symboles de la culture populaire pour en proposer une version désabusée et dépouillée de tout aspect mirifique qui faisait l’attrait du personnage original.

Batmanbat, Pascal Bernier.jpg © THANKSGalerie
Batmanbat, Pascal Bernier © THANKSGalerie

Objets détournés

Visiteurs et visiteuses pourront également admirer l’installation Rembobiner de Romina Remmo, sobrement constitué d’une cassette vidéo dont la bande a été remplacé par le fil d’une énorme bobine orange vif. Enfermée sous un cube de plexiglas, celle-ci devient une relique d’une époque pas si lointaine et pourtant révolue. En plus de témoigner d’un long travail de filage, l’installation souligne les limitations de l’objet : celui-ci ne parvient à contenir qu’une infime partie de la bobine qui l’accompagne.

Rembobiner, Romina Remmo © THANKSGalerie
Rembobiner, Romina Remmo © THANKSGalerie

My family is dead du plasticien et musicien Vivian Barigand inclue un verre à vin retourné contenant un étrange liquide bleu, un morceau de rocher et une petite assiette joyeusement kitsch agrémentée d’un « Bonne fête maman ». L’artiste semble ainsi nous avoir  laissé une ribambelle d’indices pour nous raconter le dénouement d’une affaire familiale malheureuse…

My family is dead, Vivian Barigand © THANKSGalerie
My family is dead, Vivian Barigand © THANKSGalerie

Sont également exposées les éditions Bruno Robbe et les œuvres des artistes Emmanuel Selva, Luc Herbint, Medhi Gorbuz, Raphael Decoster, Remy Hans et Rodrigue Delattre.

Infos pratiques

  • Où ? THANKSgalerie, 22 rue des fripiers, 7000 Mons.
  • Quand ? Du 11 mars au 9 avril 2022, du mercredi au samedi de 10h à 18h.
  • Combien ? Entrée gratuite.