Sous le Même Toit, mais pas chez moi

Sous le Même Toit

de Dominique Farrugia

Comédie

Avec Gilles Lellouche, Louise Bourgoin, Manu Payet

Sorti le 19 avril 2017

Le film s’ouvre sur le ralenti d’une famille dépenaillée entrant dans un hôtel relativement luxueux. La fille fait un « fuck » à la caméra et le plan s’arrête. Le ton est donné.

Avec Sous le Même Toit, Dominique Farrugia signe sa septième comédie et nous retrace l’histoire d’une famille assez classique dont les parents (Louise Bourgouin et Gilles Lelouche) décident de divorcer. Sauf que Yvan, l’ex-mari, n’a plus un rond en poche « mais il est sur un gros coup ». Entre le squattage de canapé de potes et un presque avenir de sans domicile fixe, il finit par contraindre son ex-femme à l’héberger le temps de se retourner et pour ce faire, il invoque les 20% lui revenant dans la maison. Une cohabitation houleuse s’en suit où chacun rivalise d’ingéniosité pour rendre la vie impossible à l’autre, en dépit du reste et surtout des enfants (Kolia Abiteboul et Adèle Castillon).

Un scénario assez simple qui n’est pas sans nous rappeler L’économie du couple ou toute autre comédie française ayant fonctionné sur la même intrigue. Si l’histoire nous promet des comiques de situation jouissifs, du genre qu’on rêverait de faire subir à un/une ex nous ayant un peu malmené et une franche rigolade basée sur des dialogues épicés, la sauce ne prend pas.

Peut-être est-ce à cause des incohérences typiques de ce genre de scénario, mais pas seulement. Ce qui étonne le plus est qu’on ne sait jamais dans quel registre on se trouve. Le film est présenté de manière assez claire comme une comédie, pourtant on y retrouve une large palette appartenant au registre du drame. On pourrait passer outre et lui accorder l’étiquette de comédie-dramatique, mais celle-ci comporte aussi des codes et Sous le Même Toit en fait fi. Cela nous donne un résultat « malaisant » par moment où l’on est censé rire d’une situation supposée drôle, mais qui a été traitée avec une telle lourdeur qu’on ne rit plus mais sommes envahis par la gêne. Alors, si certains films se sont caractérisés par cela (pensons notamment à Toni Erdmann de Maren Ade), on se retrouve ici davantage décontenancé, n’étant jamais certain du pied sur lequel il faudrait danser.

La forme en est d’autant plus curieuse, une multitude de plans ayant été filmés en caméra épaule donnant un cachet, à nouveau, plus auteur ou dramatique au film.

Alors, même si on peut comprendre l’envie de trancher avec les codes habituels du genre, Dominique Farrugia, qui est un habitué des comédies au succès notable, n’a ici pas réussi son pari.

Au-delà des autres aspects manquant de corps, tels que des dialogues à l’humour gras où l’on sent le scénariste s’arracher les cheveux dessus, un schéma narratif qui s’essouffle en milieu de parcours, l’introduction de problématique actuelles (comme le harcèlement scolaire) qui sont mentionnées et laissées de côté aussitôt, …  Il y a d’autres points parvenant à plaire : la fraicheur de voir (enfin !) une déchéance dans une comédie traitée avec un minimum de crédibilité, tout en réussissant à garder un certain comique et des choix de costumes justes, entre la caricature ou l’ironie, mais possédant une sincérité qui fonctionne et fait rire.

Somme toute et au-delà de ses défauts notoires, Sous le Même Toit est un film sans prises de tête qui promet un bon dimanche soir en famille, le film restant malgré tout une comédie où l’on ressort non pas grandi mais diverti, ce qui était sans doute l’ambition du film.

A propos Athéna de Callataÿ 4 Articles
Journaliste du Suricate Magazine