« Ron débloque », où comment j’ai appris à critiquer les réseaux sociaux avec de gros sabots

Ron débloque
de Jean-Philippe Vine, Sarah Smith et Octavio Rodriguez
Animation, Famille, Aventure, Science-fiction
Sorti le 13 octobre 2021

Et si, pour parler des problématiques d’identité numérique et de la dépendance des jeunes aux réseaux sociaux, on y allait avec des gros sabots ? Dans les couloirs de Searchlight, c’est peut-être un peu ce qu’on s’est dit lorsqu’on a validé le projet de Ron débloque.

Bienvenue dans notre monde actuel, ou presque. Avatars virtuels devenus bien réels, les b-bots accompagnent désormais chaque enfant à l’école. Like, commente, partage et fais-toi des amis n’a jamais été aussi simple, grâce à ces petits robots qui ne vous quittent jamais. Seulement voilà, quand on est Barney, un seul robot vous manque et c’est toute votre vie sociale qui en pâtit. La solution ? Ron, un b-bot acheté “sous le manteau” par son père sans le sou, qui se révèle rapidement défectueux et tout aussi loser que son propriétaire. Mais ces dysfonctionnements ne cachent-ils pas en fait les prémices d’une véritable amitié ?

Plein de bonnes intentions et de beaux messages, Ron débloque déroule son intrigue et ses personnages avec un rythme effréné, sans nous laisser le temps de s’y attacher. En résulte une sensation de fouillis et de scénario trop vite écrit, pour un film qui s’étire paradoxalement trop longtemps. En passant, toutes les règles basiques du show, don’t tell semblent renvoyées au placard, chaque séquence étant ponctuée de sa séance explicative sur les intentions diaboliques (ou non) des personnages. Avez-vous vu identifié notre référence à ce méchant capitaliste qui souhaite s’enrichir grâce à vos données ? Avez-vous compris que la technologie entre de bonnes mains pouvait aussi être source de création ? Pas besoin de retour en arrière dans le film, ces messages sont martelés jusqu’à l’épuisement, avec une sur-couche d’amitié à paillettes qui déplace les montagnes, alors même que les personnages se détestaient cordialement l’instant d’avant.

L’animation et les qualités esthétiques du film remontent un peu l’ensemble, mais ne suffisent cependant pas à racheter ce conte aux morales trop limpides et manquant de nuances.

D’autant que d’autres propositions bien plus élaborées ont déjà garnis nos écrans, aussi récemment qu’un Mitchells vs the Machines en début d’année, pour ne citer que lui.