Maris et femmes au Public : Du pur Woody Allen

De Woody Allen, mise en scène : Michel Kacenelenbogen avec Aurélia Bonta, Nicolas Buysse, Isabelle Defossé, Inès Dubuisson, Charlie Dupont, Tania Garbarski et Damien Gillard

Du 12 novembre au 31 décembre 2016 à 20h30 au Théâtre Le Public

Adaptation théâtrale très réussie du film éponyme de Woody Allen tourné dans les années nonante, Maris et femmes offre une nouvelle variation sur un des thèmes fétiches du réalisateur américain : la complexité des relations de couple.  Mise en scène par Michel Kacenelenbogen, la pièce met en lumière l’instabilité chronique de quadragénaires intellectuels new-yorkais mal dans leur peau.

Au cours d’une soirée entre amis, Jack et Sally annoncent à Gabe et Judy qu’ils se séparent par consentement mutuel. Cette annonce a pour effet de faire voler en éclat les certitudes sur l’amour de leur couple d’amis. Tandis que Gabe est loin d’être insensible au charme de Rain (une de ses étudiantes), la romantique Judy n’en finit pas d’être éblouie par la personnalité sensible de son collègue Mickaël. Mais celui-ci n’a d’yeux que pour Sally, la désabusée, qui lui a été récemment présentée par Judy…

Remise en question sans fard de la vie de couple, la pièce décline différents maux contemporains comme l’usure du quotidien, le poids des non-dits, les obsessions sexuelles, la peur de la solitude, le démon de midi… Si l’histoire ne brille pas par son originalité, elle nous éclaire toujours sur les rapports humains par sa justesse et ses formules diaboliques. Avec son humour particulier et son sens des dialogues, Woody Allen nous livre une nouvelle fois des personnages très attachants, fragilisés par leurs failles et fêlures. Dans ce manège amoureux, l’humour noir se conjugue à la poésie du désespoir pour notre plus grand bonheur. Quant aux couples, ils se font et se défont à un rythme soutenu, à coup de courtes séquences savoureuses.

Ce spectacle à la fois touchant et drôle est porté par une excellente distribution. Au petit jeu des préférences, la comédienne Tania Garbaski, dans la peau de la complexe Sally au caractère bien trempé, remporte la palme. Mais qu’on ne s’y trompe pas, tous les comédiens sont épatants. On ne présente plus Charlie Dupont, Nicolas Buysse et Damien Gillard, parfaits dans leur numéro. Sous les traits de la fragile Judy, Isabelle Defossé est touchante. Et dans des rôles plus discrets, Inès Dubuisson et Aurélia Bonta ne déméritent pas. Seule la scénographie, avec son décor minimaliste, peine à nous faire oublier l’unicité de la scène, à évoquer différents lieux mais elle rend tout de même dans ses meilleurs moments quelques ombres chinoises intéressantes.

Bref, vous l’aurez compris, à l’approche des fêtes, Le Public nous sert une comédie drôle, désespérée, fine, légère et caustique. Le tout en parfait équilibre. On aurait vraiment tort de s’en priver !

 

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