Lucky Luke se recycle, une vision parodique du cowboy solitaire

Scénario : Mawil
Dessin : Mawil
Éditeur : Dargaud
Sortie : 04 juin 2021
Genre : Western

Le mythe du cowboy solitaire avait été revisité récemment à travers les deux albums de Matthieu Bonhomme, dont le dernier, Wanted Lucky Luke, était paru en avril. Si l’ambiance de ces deux albums était plutôt sombre, ce ne pas le cas de Lucky Luke se recycle, un ouvrage qui donne une vision parodique et hilarante du personnage créé par Morris.

Devant une fois de plus jouer le bon samaritain, Lucky Luke se retrouve à l’improviste sur une selle de vélo, pédalant comme un fou pour aider Albert Obermann à mener sa création à bon port jusqu’à San Francisco. Le fabricant veut profiter d’une course cycliste locale pour séduire les citadins avec son tout nouveau deux-roues révolutionnaire. Mais le voyage de Lucky Luke ne sera pas de tout repos : bandits sans scrupule, ploucs bornés et Indiens méfiants n’auront de cesse de lui mettre des bâtons dans les roues et d’entraver la course de la modernité ! Sans oublier Jolly Jumper, qui n’apprécie guère que son cow-boy se recycle…

De l’humour, de l’action, un soupçon de jalousie

Lucky Luke se recycle présente tous les ingrédients qui ont assuré à la série de Morris son succès, à savoir l’humour et l’action, tout en apportant un second degré de lecture propre aux questions plus philosophiques, à la manière d’un Pixar bien des années plus tard. On admire l’habileté avec laquelle l’auteur a su avantageusement remplacer Jolly Jumper par une bicyclette dans les scènes d’action et on se prend d’empathie pour le fidèle compagnon du cowboy solitaire qui se retrouve abandonné au profit d’un moyen de locomotion plus moderne. D’autre part, on salue la manière avec laquelle, sous couvert d’un western cycliste, Mawill a su transposer les questionnements actuels sur la place dominant/dominé des différents moyens de transport dans le contexte du Far West.

Lucky Luke se recycle est un album réussi. On se félicite lorsqu’on trouve un jeu de mots caché dans le décor ou dans les dialogues, on est emporté par l’aventure et rumine en silence face à la trahison de Luke pour cet âne de fer. Une BD à recommander à tous !