« Loin de chez soi », une Australie loin des clichés

Titre : Loin de chez soi
Auteur : Peter Carey
Editions : Actes Sud
Date de parution : 7 octobre 2020
Genre : Roman

Auteur auréolé de nombreux prix dans le monde anglo-saxon mais également en France avec le prix du Meilleur livre étranger en 2003, Peter Carey nous propose avec Loin de chez soi un roman picaresque qui est à la fois le récit d’une course automobile mais également un portrait peu élogieux d’une Australie blanche et raciste, peu soucieuse de regarder son passé colonial en face.

Irene aime la vitesse, les véhicules de course et son mari, Titch, adorable petit mec d’un mètre cinquante-huit au génie incontestable. Convaincu d’obtenir des retombées médiatiques et commerciales pour la nouvelle concession automobile qu’il va ouvrir, il décide de participer à un prestigieux rallye automobile de quinze mille kilomètres autour du pays. Accompagné de sa femme et de leur voisin Willie, un jeune enseignant passionné par les cartes géographiques, ils vont se lancer sur les routes périlleuses de l’Outback, loin de l’Australie blanche qu’ils ont toujours connue.

Loin de chez soi pourrait apparaître à certains comme un sympathique récit de voyage au volant d’une voiture de rallye à la découverte des coins reculés de cette immense Australie. Si la course a façonné l’imaginaire collectif australien au 20ème siècle, ce roman est bien plus que cela. Car à travers les carnets de route de la Holden du couple Bobs et de leur navigateur, une autre vision de l’Australie se dégage, plus sombre et loin de l’image de carte postale que l’on se fait habituellement du pays.

On a souvent en tête l’image de l’expansion territoriale des Etats-Unis lorsqu’on évoque la spoliation des terres par des colons venus d’Europe. Mais les territoires abordés par le capitaine Cook au 18ème siècle étaient loin d’être vierges. Et malheureusement, les mêmes politiques à l’encontre des populations natives ont été appliquées, sous couvert d’apporter la civilisation à un peuple primitif.

Loin d’être un roman moralisateur, Loin de chez soi nous ouvre néanmoins les yeux sur le passé obscur de l’Australie mais également sur l’état d’esprit raciste qui y subsistait dans les années 50 et qui perdurera encore durant de nombreuses années après. Peter Carey aborde la question de l’héritage colonial avec tact et brio à travers un roman qui vous fera autant voyager, que réfléchir sur l’action civilisatrice du monde blanc.