L’Hermine : la dureté tempérée par les sentiments

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L’Hermine

de Christian Vincent

Comédie dramatique

Avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Eva Lallier

Sorti le 18 novembre 2015

Michel Racine, interprété par Fabrice Luchini, est un Président de cour d’assises redouté et sans compassion pour les criminels. On l’appelle d’ailleurs « le Président à deux chiffres », car il condamne souvent aux peines maximales et quelles que soient les circonstances atténuantes. Austère, inébranlable, misanthrope et quelque peu aigri, il vit dans son monde sans prêter la moindre attention aux autres. Pourtant, lors d’un nouveau procès, tout va basculer lorsqu’il s’aperçoit que l’un des jurés est une femme qu’il a aimée passionnément quelques années plus tôt. À ses côtés pendant toute la durée du procès, cette femme, interprétée par Sidse Babett Knudsen, va le ramener à la vie et lui apprendre la compassion.

Si la force du film réside dans son scénario où l’on mêle une histoire d’amour (re)naissante à celle d’un procès pour infanticide, on peut dire qu’une fois de plus, Luchini nous dévoile un jeu d’acteur sans faille. D’homme austère et froid, il se fond en un être fragile et prêt à laisser tomber sa carapace pour cette femme qu’il a aimée et pour laquelle il est capable de « s’humaniser ».

L’interprétation de Luchini a d’ailleurs été saluée par l’ensemble des critiques hexagonales et L’Hermine a été doublement récompensé à la 72e édition du festival vénitien par le prix du Meilleur Interprète pour Fabrice Luchini, et par celui du Meilleur Scénario pour Christian Vincent, également réalisateur du long métrage.

Outre cela, le film manie bien l’art du portrait ainsi qu’une réflexion sociétale de fond sur le rôle de la justice. On notera que le procès, tel qu’il est mis en scène et écrit, fait apparaître une peinture sociale d’un monde défavorisé. C’est assez réaliste et emprunt d’une certaine vérité mais il ne s’y trouve aucun misérabilisme.

Ce long métrage captive de bout en bout non seulement par l’histoire, mais aussi par l’interprétation collective portée entre autres par l’excellente prestation de Corinne Masiero en juré « cash » et remplie de bon sens.

De plus, l’amour présent en filigrane apporte une dimension romantique au récit ; l’interprétation de la danoise Sidse Babett Knudsen dans le rôle de la femme aimée est subtile.

Et il faut reconnaître que si le personnage mal-aimé de Lucchini prête à faire sourire dans la première moitié du film, il finit par s’imposer à nous comme un homme ordinaire et d’une extrême sensibilité dans l’autre partie.

A propos Inès Bourgeois 37 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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