Les culottées, les polyphonies du K barré

Une création de la compagnie Le Bus. Mise en scène et dramaturgie de Zoé Coutentin, Manon Juszczak, Charlène Sauldé, avec Sarah Al Sayed, Juliette Bensimhon, Zoé Coutentin, Manon Juszczak, Manon Lheureux, Agathe Mortelecq.

Prochaines dates :  19 Octobre 20h Espace Senghor, 1er et 2 Février 20h Espace Senghor, 6 Mars Espace Delvaux Festival TOB

Madame L est une femme de théâtre. Après son exhibition, un soir comme les autres, elle traverse le rideau rouge et gagne sa loge en se libérant de ses talons de scène. Installée sur son canapé, protégée par son kimono pourpre, elle trouve la place pour ses pensées et elle commence à écrire en compagnie de tous les personnages qui peuplent son imagination et qui s’approprient l’espace. Comme toute femme de théâtre, en effet, Madame L n’est jamais complètement seule : ses réflexions sur la féminité se renversent sur le plateau en invitant le public à assister au spectacle qui se joue dans son esprit.

A l’aide d’une création lumière simple mais efficace, et d’une scénographie bien pensée, l’espace scénique accueille deux dimensions différentes, l’une matérielle et l’autre fabuleuse, dans lesquelles les corps et les voix sont les véritables protagonistes. Lors de la première de Les culottées, nous avons été transportés par la compagnie Le bus dans un imaginaire fait de perruques et de paillettes, à l’esthétique séduisante, mais aussi dans un univers d’échos et de polyphonies. La coordination des corps et les harmonies des voix créent des effets surprenants qui capturent le spectateur, toujours avec humour.

Pour en savoir un peu plus sur cette création, nous avons échangé avec la metteuse en scène du spectacle, Charlène Sauldé, autour de l’approche originale de la compagnie Le Bus.

En quelques mots, de quoi parle votre spectacle ?

Dans K Barré Les Culottées, une femme de théâtre vient vous dévoiler son intimité, son raisonnement intérieur. Au-delà de la question de la femme, se pose alors la question de la comédienne. Dans la vie comme au théâtre, quels sont les rôles que nous endossons et quels sont ceux que nous rêvons secrètement d’incarner ? Ce spectacle interroge les raisons profondes de ce pourquoi nous montons sur scène, de ce que cela procure et de la manière dont nous le faisons, en tant que femme. Que signifie être une femme dans le milieu du théâtre aujourd’hui ? Voilà la question principale.

Quel est le point de vue ?

Nous avons choisi de parler de ce que nous sommes, de ce que nous connaissons: le théâtre et la féminité car nous sommes une bande de 7 joyeuses comédiennes.

Entre poétique et burlesque, nous ne voulons pas militer, pas moraliser, nous souhaitons simplement montrer au public la réalité de notre quotidien. Le spectateur se retrouve projeté dans le processus créatif de cette femme, Madame L. Elle écrit et ce qu’elle crée prend vie sur le plateau par l’intermédiaire de 4 corps/pantins. Puisqu’elle se sent enfermée dans les rôles qu’elle doit jouer, sur scène, comme dans la vie, elle tente de trouver, depuis le canapé de sa loge, face à sa machine à écrire, un personnage qui lui corresponde et qui lui permettra de s’exprimer et d’exister pleinement. Un petit être magique et mystérieux l’accompagne et lui permet de faire le lien entre la réalité et la fiction qu’elle est en train de créer: il représente sa créativité, son imaginaire et navigue entre les mondes présents sur scène.

Petit à petit, Madame L va se découvrir et s’amuser avec ses personnages pantins, à l’aide de sa créativité.

Comment avez-vous créé ce spectacle ? Quelles sont vos inspirations ?

Le K Barré est né d’une volonté de rassembler les numéros individuels de chacune des comédiennes de la Compagnie Le Bus. En créant un fil rouge entre chaque numéro, nous remettons en question les codes du théâtre et plus spécifiquement, ceux du cabaret. Nous avons tenté au fur et à mesure du processus de création de relier tous ces numéros et de mettre en lumière leur message commun: tous parle d’amour et de féminité. Amour de soi, amour des autres, amour pour son image, amour « divin »… Que l’on soit femme ou comédienne, les questions se recoupent. Le personnage de Madame L est issu de la tradition du cabaret, mais il se veut en réaction à celui-ci : la femme de cabaret n’est plus si docile et réduite à son corps, elle s’assume, se cherche et tente de se défaire des schémas que nous lui avons imposés. Jouer avec les corps est un  choix de mise en scène très fort, car le chœur vient illustrer, amplifier, accompagner le texte. De plus, la recherche corporelle est toujours le point de départ de nos créations. Nous cherchons des formes, des images à partir d’un thème. Le texte vient en second lieu pour supporter la forme, il découle de la forme. Toutes issues d’une formation liée au corps, nous y accordons beaucoup d’importance. C’est aussi pour cela que la question du rapport au corps se pose souvent dans le spectacle : suis-je sur scène pour satisfaire le regard des autres ? Quel regard ai-je sur moi ? Ai-je envie que l’on me regarde ? Est-ce que j’existe en dehors de mon corps ?

D’une simple suite d’images, de numéros, de performances, nous avons voulu faire naître un spectacle complet, avec un début, une fin, une histoire et un contenu.

Le 19 Octobre à 20h, ainsi que le 1er et 2 Février, le Bus vous attend encore au Senghor pour vous séduire avec son ironie et son énergie. Le spectacle Les culotées sera aussi présenté le 6 mars au festival TOB, à l’Espace Delvaux.

A propos Elisa De Angelis 55 Articles
Journaliste du Suricate Magazine