Le voyage d’hiver de Schubert de Ian Bostridge

auteur : Ian Bostridge
édition : Actes Sud
sortie : janvier 2018
genre : musicologie

Die Winterreise de Franz Schubert, qui se traduit par Le Voyage d’hiver en français, est un des ces lieds – comprendre poésie mise en musique et chantée – les plus connus de par le monde et qui nous était pourtant inconnu. Jusqu’à ce que par curiosité, et peut-être aussi un peu par souci d’objectivité, l’on se décide à l’écouter. Pas en entier, on l’avoue. Ce récital d’un autre temps est très beau et assez émouvant, totalement en accord avec le XVIIIe siècle d’où il émergea, mais il dure plus d’une heure et le texte est en allemand, évidemment. Sinon, ce serait trop facile…

Cette enquête approfondie de Ian Bostridge, une fois passées les querelles des musicologues qui polémiquent sans fin sur telle ou telle interprétation chantée par rapport à la retranscription des partitions de Schubert, lequel avait une annotation assez spécifique, se révèle intéressante à plus d’un titre, historiquement parlant.

Le lied entier est décortiqué minutieusement, disséqué de façon chirurgicale : chaque tableau fait l’objet d’un chapitre qui le replace dans son contexte historique, reliant chaque strophe à l’inspiration qui aurait pu venir d’autres écrits publiés durant cette période, à des habitudes de la vie quotidienne, à la mélancolie dont le Romantisme se rengorge, aux grands personnages et autres artistes qui s’y inscrivent et qui poussèrent son expression le plus loin possible dans tous les domaines.

Il est vrai que Le Voyage d’hiver de Schubert s’adressera plus à un public de musicologues avertis ou à de vrais passionnés de Franz Schubert qu’à un lecteur lambda. Certains passages bardés de techniques musicales et de questionnements pourraient nous sembler complètement opaques et inutiles à nous pauvres mortels bombardés de musique electro que nous sommes. Cela dit, c’est un fait qui peut aisément donner envie d’abandonner la lecture à tout moment.

Pourtant lorsqu’on s’accroche, on se rend compte qu’il s’agit ici de voyager à travers la passion dévorante de Ian Bostridge pour ce lied très particulier. Il nous fait littéralement voyager à l’intérieur de ce chef-d’oeuvre musical, devenu un pilier de la culture allemande et par extension, nous offre un témoignage éclairant sur le Romantisme allemand du XVIIIe siècle.

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine