Titre : Le mal en face
Auteur.ice : Maxime Rovere
Edition: Flammarion
Date de parution : 05 mars 2025
Genre du livre : Essai
On dit souvent qu’il faut apprendre à regarder la mort en face. Accepter la fatalité. Ne pas craindre le repos éternel. Notre éphémérité sur terre est un sujet que nous évitons d’aborder tant l’incertitude de la suite paraît abyssale. Souffrir, dépendre, mourir. Des expériences dont nous voulons symboliquement nous défaire parce qu’elles nous renvoient à des sensations négatives. Notons qu’à ce stade, il y a, certes, la mort. Mais apparaît également la douleur qui lui est souvent associée. Et cette notion est, au moins, autant taboue que l’est notre trépas. Nous n’aimons pas avoir mal alors nous refusons d’y penser. D’autant qu’étrangement, une fois le supplice passé, nous peinons à nous souvenir de la mesure de notre calvaire.
Maxime Rovere s’engage donc dans l’étude douloureuse de nos souffrances. La première partie de son analyse se concentre sur une compréhension individuelle et collective de nos maux. Le fait d’être dans l’embarras, et encore plus celui de le verbaliser, nous confronte à l’autre. À l’autre chez qui l’on se plaint, mais aussi au moi qui souffre et qui cherche du réconfort. Par ailleurs, la douleur en tant que telle pourrait être considérée comme dépendante de la génétique, mais aussi de constructions sociales. Nous ne ressentons pas les mêmes sensations selon notre expérience et notre éducation à la douleur. Il y a donc une notion de collectivité, ou du moins de liens sociaux, dans le concept même de douleur.
Dans sa seconde part, Maxime Rovere s’interroge sur le pendant inverse de la douleur ; le soin. Ce spécialiste de Spinoza, régulièrement édité dans la collection Champs de Flammarion, commence par distinguer une vision active d’une vision passive du soin. Donner des soins et prendre soin. Le soin implique, dans notre conception moderne, une linéarité. Alors que la perception du mal, comme l’entend la première partie du livre, admet une compréhension collective – dans laquelle celui qui souffre n’est pas seulement victime de sa douleur – et donc circulaire. Rovere termine ensuite par un chapitre sagement intitulé : « Comment désinventer la mort ? ». En introduisant son propos par des pensées de la Grèce antique, l’auteur propose une relecture de l’irrémédiabilité de notre fin. Dans une langue parfois un peu hermétique, Rovere apporte un éclairage nécessaire sur des sujets qui font partie de nous et que pourtant nous cherchons toujours à enfouir. Le mal en face peut permettre aux personnes qui sont confrontées à ses questions et qui ne savent comment les gérer de prendre du recul, en privilégiant au développement personnel une approche philosophique.