
L‘Amour et la Vermine
Scénario : Will McPhail
Dessin : Will McPhail
Éditeur : 404 Editions
Date de parution : 16 octobre 2025
Genre : Dessin de presse
Après le succès de Au dedans, qui avait notamment obtenu le Prix BD Fnac France Inter ainsi que d’autres récompenses anglo-saxonnes, Will McPhail s’illustre dans un second ouvrage savamment titré L’amour et la Vermine.
Loin des comédies à l’eau de rose qui fleurissent à l’approche des fêtes, le cartooniste du New Yorker nous propose une vision nauséabonde de ce que l’on appelle « l’amour ». Disons que l’Amour et la Vermine, c’est un peu la version filmée dans les égouts de Coup de foudre à Nothing Hill. Bouquets de roses et farandole de rongeurs. Il faut dire que – en témoigne les grandes métropoles – l’association des deux n’est pas si insensée.
Dans l’Amour et la Vermine, Will McPhail esquisse ce qui dans les relations, principalement hétérosexuelles, est carié. Ce serait grossier de réduire son album à la simple moquerie des dynamiques hétéronormées. Certes, l’auteur charrie ces hommes en quête de pouvoir qui pratiquent le mansplaining comme un sport national. Mais il fait bien plus ! Il se sert de nos angoisses et de nos mauvaises habitudes pour en faire son terrain de jeux.
Attention, ce second ouvrage, publié en français, n’est pas, à proprement parler, une bande dessinée. C’est plutôt une compilation de dessins humoristiques envoyés au célèbre New Yorker et qui partagent une même thématique. Les sketchs de Will McPhail sont faciles à reconnaître : un dessin léché, des personnages expressifs, un unviers à la Woody Allen et un humour décapant.
L’auteur manie la dérision comme une arme qu’il pointe, désinvolte, sur nous. Il ne prend rien au sérieux. D’ailleurs, il entrecoupe ses scènes gênantes – qui le sont d’autant plus qu’elles nous font souvent écho – d’interludes animaliers. Car avant d’être le dessinateur en vogue qu’il est devenu, Will McPhail s’est, un court instant, destiné à une carrière dans le domaine zoologique. Une vie antérieure dont il garde la manie de dessiner des bestioles à tout-va.
L’Amour et la Vermine est à la fois sincère et drôle. Tout, jusque sa couverture sobrement occupée par les roucoulades d’un rat et d’un pigeon, est habilement pensé. Que ce soit dans les attitudes des personnages ou dans sa manière de traduire les absurdités du quotidien, Will McPhail fait toujours preuve d’une justesse qui impose le respect. Avec la sortie de l’excellent Drome, on peut dire que les éditions 404 frappent fort ce semestre. L’Amour et la Vermine est un bijou d’abjection qui, on le souhaite, infestera vos soirées de Noël. Et qui sait, peut-être même celle de la Saint Valentin.
