La Part sauvage, entre réinsertion et radicalisme

La Part sauvage

de Guérin van de Vorst

Drame

Avec Vincent Rottiers, Johan Libéreau, Salomé Richard

Sorti le 14 mars 2018

Six ans après son court-métrage éponyme –  qui retraçait le quotidien d’un jeune délinquant, entre les mauvaises habitudes, les petits délits et l’espoir d’une passion naissante pour la métallurgie – Guérin Van Der Vorst revient avec, en version long-métrage cette fois, un sujet sensiblement identique, à croire que le monde du petit banditisme ne laisse pas indifférent le réalisateur belge. La Part sauvage, c’est l’histoire de Ben, un ancien détenu qui essaye de se reconstruire. Après avoir purgé trois ans de prison, ce n’est pas chose facile. Ben ne doit pas seulement faire face à des problèmes de réadaptation comme la difficulté de retrouver une vie sociale normale ou les soucis liés à la reprise d’une activité professionnelle, il doit aussi regagner la confiance d’un fils qui a pris son absence pour de l’abandon. Et pour couronner le tout, plane au-dessus de sa tête la menace du djihadisme.

Par sa sobriété, son rythme lourd et ses dialogues épurés, La Part sauvage donne assez bien à imaginer le malaise que peut ressentir l’ancien détenu par rapport à la société et vice-versa. Sans tomber dans le pathos, le réalisateur dresse le portrait d’un homme qui suscite certes la méfiance mais aussi la compassion, l’amitié voire même l’amour. Ben peut compter entre autres sur l’aide d’Anouar, un ancien copain, qui lui dégote un poste dans son garage, modeste entreprise située le long du canal que le spectateur bruxellois ne manquera pas de reconnaître. Mais qu’importent toutes ces personnes qui l’entourent quand le seul qui compte est absent. Et s’il n’est pas facile pour Ben de retisser des liens avec Samir, dix ans, il est encore plus difficile pour lui de regagner la confiance de son ex-compagne Nadia, mère de l’enfant. Nadia, dans la peur, refuse en effet de leur laisser rattraper le temps perdu si ce n’est en sa présence. En parallèle, Ben trouve du réconfort dans la religion musulmane qui semble l’accepter sans conditions. Il pousse sa foi à l’extrême et s’entiche alors d’un prédicateur islamiste qui, sans peine, le convainc de devenir soldat de Dieu.

Si la réinsertion, et dans son ensemble le monde carcéral, est un sujet d’actualité qui sensibilise de plus en plus, le problème de la radicalisation est plus délicat et, en ce moment, un peu passé à toutes les sauces. Alors il est facile de comprendre qu’en faisant la jonction entre les deux, Guérin Van Der Vorst centre son discours sur l’intégration : Ben, en cherchant  à se faire accepter, se tourne vers les mauvaises personnes.  Mais ce qui était, de prime abord, censé servir le propos, finit par devenir le propos lui-même. La Part sauvage semble, malheureusement, laisser parfois un peu de côté le problème de la réinsertion, qui mérite d’être bien creusé, en faveur du radicalisme religieux qui est quant à lui, dans sa manière d’être traité, un peu too much.