La Course des rats, un regard cynique sur l’Italie

Titre : La Course des rats
Auteur : Antonio Manzini
Editions : Denoël
Collection : Sueurs Froides
Date de parution : 16 mai 2019
Genre : Roman policier

A l’issue d’un braquage raté, René est attrapé par de faux carabiniers. Il ne s’agit en fait que d’autres malfrats désireux de mettre la main sur le butin récupéré par l’un des trois complices de René. Dans le même temps, son frère Diego, fonctionnaire de son état, se voit confier une mission par sa hiérarchie pour le moins étonnante : liquider les retraités en fin de vie car ceux-ci ne rapportent rien et coûte beaucoup trop cher à la société. Tels des rats, les deux frères vont devoir s’aider pour sortir du caniveau.

Connu chez nous pour être l’auteur des enquêtes du commissaire Rocco Schiavone (ouvrages parus aux éditions Denoël également), Antonio Manzini signe ici un roman aux accents multiples. Du roman policier au roman noir, en passant par la comédie burlesque ou le pastiche, La Course des rats n’a de cesse d’alterner les genres pour mieux emprisonner le lecteur dans l’Italie d’aujourd’hui, avec ses clichés jouissifs mais aussi son marasme social. Un roman cynique et intemporel puisque celui-ci reste d’actualité alors qu’il date déjà de 2007. Et pour cause, le programme « Année Zéro » du gouvernement fictif décrit dans cet ouvrage reflète le déclin des retraites faisant suite à une décennie de réformes subies par les Italiens. L’ascension de la Ligue du Nord ces dernières années dans les suffrages n’y est dès lors pas totalement étrangère puisque l’augmentation des retraites était l’une des priorités du parti populiste.

Qu’à cela ne tienne, La Course des rats reste néanmoins un ouvrage de fiction. Une course à l’aveugle de deux frères sans intérêt qui se laisse lire agréablement. Gavée d’une gouaille très populaire et de dialogues tout droit venus des bas-quartiers de Rome, la forme ne fait pas dans la dentelle, comme la plupart des protagonistes du récit. Si cela est voulu, on regrettera néanmoins l’absence régulière du descriptif – voire du contemplatif -, rendant souvent quelconque les lieux dans lesquels évoluent nos personnages.

En résumé, La Course des rats est un regard à la fois brut et cynique sur l’Italie contemporaine. Un livre qui se lit facilement, peut-être trop.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.