La Fille de la peur d’Alex Berg

auteur : Alex Berg
édition : Actes Sud
sortie : mai 2017
genre : thriller

Marion Sanders, une quadragénaire allemande dépassée par le quotidien, s’envole pour Paris  pour suivre des cours de préparation à Médecins sans frontières. Chez les Bonnier, le couple d’amis qui l’accueille pendant son séjour, elle croit pouvoir bénéficier du temps et de l’espace nécessaires à la réflexion. Mais c’est sans compter sur le retour de Jean Morel, le neveu du couple, et l’arrivée de la petite Zahra, réfugiée syrienne et fille d’un riche homme d’affaire, moteurs d’une sombre histoire dont Marion ne sortira pas indemne.

Dans son nouveau roman, Stefanie Baumm, plus connue sous le pseudonyme d’Alex Berg, nous propose à nouveau un récit où la réalité côtoie la fiction. En 2013 déjà, elle publiait Zone de non-droit, un roman inspiré d’une histoire vraie, dans lequel une avocate est arrêtée et interrogée par la CIA, dans le cadre d’attentats perpétrés par Al-Qaida. Avec La Fille de la peur, elle s’inscrit à nouveau dans ce registre, et fait écho à notre actualité en choisissant de faire de la guerre en Syrie un élément clé de son récit.

Pas de surprises, cependant, dans l’intrigue du roman où l’héroïne est impliquée, malgré elle, dans une enquête sur une affaire de corruption gouvernementale. Si l’on apprécie l’intelligence du traitement de la guerre en Syrie qui privilégie la distance et la subtilité du témoignage au voyeurisme, on regrette toutefois que l’auteur n’approfondisse pas plus avant le sujet. À travers l’histoire de ses personnages, Alex Berg met en lumière, avec sensibilité, les conséquences de la guerre – l’immigration forcée et vécue comme un exil, la séparation des familles et leur souffrance –, la complexité des rapports entre les politiques et  leur rôle dans les conflits internationaux.

L’intrigue secondaire, qui fait resurgir les secrets de famille et crée une résonnance entre passé et présent, apporte une dimension psychologique au récit. Néanmoins, elle multiplie les lieux communs et ne parvient pas à embarquer totalement le lecteur. En outre, bien que le récit soit rythmé par l’alternance des points de vue des personnages, il manque de cette tension qui tient le lecteur en haleine.

Même si La Fille de la peur a quelques difficultés à créer ce suspense intenable qui maintient le lecteur en apnée, il reste un roman divertissant et intelligent, qui nous propose de nous interroger sur des problématiques très actuelles.