Eric Antoine, un vent de magie et d’optimisme

Il y a quelques années de cela, les spectateurs belges découvraient un nouvel ovni de la scène hexagonale, Eric Antoine. Que ce soit à Montreux ou sur le plateau de Vivement Dimanche, l’émission hebdomadaire de Michel Drucker, les amateurs de magie et d’humour sont immédiatement tombés sous le charme de ce grand enfant de 2,07 mètres.

Son apparence de savant fou, ses tours de magie à couper le souffle et sa gouaillerie ont très vite été appréciés du public, avide de nouveautés dans un monde de la scène devenu trop formaté, trop cadré.

Mais la question qui se pose alors est de savoir si Eric Antoine est un humoriste qui fait de la magie ou, au contraire, un magicien qui fait de l’humour. La réponse se trouve dans son enfance comme il nous l’a expliqué récemment : « J’ai vu un magicien alors que j’avais sept ans. À l’époque, j’avais été subjugué par ce spectacle. {…} Vers l’âge de treize ans, je suis tombé par hasard sur une boutique – qui est l’une des plus anciennes boutiques de magie au monde – où je me suis acheté mon premier livre sur la magie et des balles en mousse pour m’entrainer à la manipulation. J’ai dès lors commencé à toucher à la magie, sans me douter qu’un jour cela allait devenir mon métier ».

La magie se dessine petit à petit comme une passion pour le jeune parisien, tout comme l’art vivant : « Le théâtre est arrivé plus tard. J’ai pris mes premiers cours de théâtre à dix-huit ans. Ensuite, j’ai commencé à jouer dans des pièces, à les mettre en scène puis à les écrire. Et de manière logique, mes passions se sont alors croisées ».

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Le personnage rocambolesque d’Eric Antoine prend alors forme sur scène. Un illusionniste indomptable, imprévisible et lunatique qui provoque autant l’étonnement que l’hilarité du public. Ce personnage semi-fictionnel va devenir le pion central de ses spectacles, à un point tel qu’il dépoussière violemment les codes de la magie classique, comme le souligne l’intéressé : « Les magiciens qui prennent la magie au premier degré – ceux qui cherchent l’effet magique le plus intense – sont très loin de moi. Même si je me passionne pour la magie, je ne me sens pas magicien au sens où on l’entend, c’est-à-dire celui qui va faire croire aux gens qu’il a des super-pouvoirs ».

Cette forme de magie ostentatoire plait alors au public qui se déplace toujours plus nombreux dans les salles parisiennes où se produit le phénomène. Après cinq années de tournée à travers la francophonie, Eric Antoine est connu de tous, tout comme son fameux assistant masqué – Bernard – qui n’est autre que sa femme dans la vie : « Il fallait trouver un assistant qui soit aussi délirant et couillon que le magicien. Pour ne pas tomber dans la femme de magicien classique, il fallait que ce soit un homme. C’est pourquoi on a choisi une femme déguisée en noir avec un nom d’homme. Son personnage croit qu’il est invisible quand il est en noir ».

Mystéric, son second spectacle lancé en 2011, rencontre naturellement le succès. C’est pourquoi, notre artiste énergique revient aujourd’hui avec Magic Delirium, un show toujours plus grand et spectaculaire qui aborde le thème très vaste de la croyance : « On pense dans un premier temps à la religion, qui est le sujet de l’un de mes sketchs. Mais je parle aussi du pourquoi les enfants croient en leurs parents ? Pourquoi croit-on en nous-mêmes ? etc. Chaque numéro, chaque sketch aborde une croyance ».

Tout cela dans une ambiance drolatique comme à l’accoutumée, puisque l’aspect magicomique du spectacle n’est pas en reste : « Nous avons construit une machine qui fait 10 mètres d’ouverture sur 6 mètres de haut. C’est une machine de Goldberg qui a pour principe de réaliser la tâche la plus simple possible de manière la plus complexe possible. Personnellement, j’ai réalisé une machine d’escapologie, qui est l’art de l’évasion… à ne pas confondre avec la scatologie bien sûr… (rires) ». Des effets et des machines grandioses travaillés avec le plus grand Illusion Designer actuel, Sébastien Clergue, qu’Eric Antoine n’hésite pas à encenser : « Il passe son temps à voyager à travers le monde pour voir les shows les plus intéressants. Dès lors, travailler avec Sébastien était pour moi un moyen de travailler sur des tours que je n’étais pas certain de pouvoir réaliser seul. Quand j’écrivais un numéro où je faisais voler un enfant du public, j’avais des méthodes qui n’étaient pas toujours convaincantes. Lui, avec ses connaissances, a réussi à trouver des choses plus fortes, plus profondes, plus intenses et plus spectaculaires ».

Si vous souhaitez voir en chair et en os ces deux mètres de douce folie, ou si vous ne connaissez pas encore le phénomène Eric Antoine, rendez-vous le 31 mai 2015 à Forest National.


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A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.

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