Eastern Boys de Robin Campillo

eastern boys affiche

Eastern Boys

de Robin Campillo

Drame

Avec Olivier Rabourdin, Kirill Emelyanov, Danil Vorobyev

Sorti le 9 avril 2014

Critique :

Paris, Gare du Nord. Des garçons venus de l’Est traînent dans les alentours. Certains ont environ 25 ans. D’autres, on ne sait pas, sans doute beaucoup moins. On peut penser qu’ils se prostituent. Muller, un homme discret, la cinquantaine, a repéré l’un d’entre eux, Marek. Alors, il se lance et va lui parler. Le jeune homme accepte qu’ils se revoient le lendemain chez Muller. Et le lendemain lorsqu’on sonne à sa porte, Muller n’a aucune idée du piège dans lequel il s’apprête à tomber.

Primé récemment à la Mostra de Venise, le film de Robin Campillo est à la fois surprenant et prenant. Tout d’abord, parce qu’il se permet plusieurs virages et ruptures de genre, et nous mène vers des territoires inattendus à l’atmosphère tantôt énigmatique, tantôt fiévreuse, voire carrément menaçante. Découpée en quatre chapitres, ornée de titres aventureux, l’histoire pourrait nous faire penser à un conte de passage. Mais qu’on ne s’y fie pas : les personnages et les situations sont plus complexes et ambigües qu’il n’y parait. Et puis, Eastern Boys n’impose pas de leçon moralisatrice, ne verse pas dans le manichéisme. Le réalisateur se garde bien d’imposer un système de pensée et fait même valdinguer les préjugés sur des thèmes controversés comme la prostitution masculine ou les sans-papiers.

Ce qui frappe aussi, c’est la justesse des personnages. Bien mis en valeur par l’interprétation irréprochable des acteurs, les dialogues sont crédibles lorsqu’ils visent à refléter le quotidien, le banal des échanges. Entre le quinqua yuppie au mode de vie confortable et le groupe volatile et nerveux de jeunes immigrés, il y a une certaine spontanéité dans les interactions qui rappelle le film de Laurent Cantet, Entre les murs, co-écrit par Robin Campillo. Face à l’excellent Olivier Rabourdin (vu dans Des hommes et des dieux), les jeunes donnent la réplique avec un naturel confondant. Boss, le leader russe (Danil Vorobyev) est particulièrement convaincant.

Même s’il souffre d’une petite longueur, l’audacieux film de Robin Campillo parvient à déjouer les attentes et réussit à nous embarquer dans ce tourbillon de situations ambivalentes.

 

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