Diabolo Menthe : Toujours la même recette

Scénario : Diane Kurys
Dessin : Cathy Karsenty
Éditeur : Dargaud
Sortie : 30 septembre 2022
Genre : Roman graphique

Elle s’appelle Anne, mais elle aurait pu s’appeler Vic’ ou Lola. Elle commande des boissons colorées dans les cafés, mais elle pourrait aussi bien profiter d’un slow pour serrer dans ses bras ce garçon qui lui a tapé dans l’œil. Qu’importe. Diabolo Menthe, La boum, Lol. C’est toujours cette même jeune fille qui, parce qu’elle reflète cette soif de vivre que les adultes ne comprennent pas, devient l’icône d’une génération. Ce sont toujours ces mêmes films qui – s’ils parviennent à mettre le doigt sur ce qui est vraiment important quand on a 14 ans – peuvent connaître un succès féroce et marquer à jamais les esprits de plusieurs fournées de petites lycéennes en uniforme. Et tel fut le cas de Diabolo Menthe, à sa sortie en 1977.

Poussiéreux

Mais quand on adapte en bande dessinée, un film qui a presque l’âge d’être retraité ; bon sang, on dépoussière ! On le dynamise. Puisque ce ne sont ni les mêmes époques, ni les mêmes médiums, pourquoi ne pas en profiter pour réfléchir cette rencontre entre deux arts, cette rencontre entre deux temps ? Quelle déception que le Diabolo Menthe, dessiné par Cathy Karsenty et scénarisé par la réalisatrice Diane Kurys, n’ait pas pu donner lieu à de tels échanges. La rigueur avec laquelle elles s’épuisent à retranscrire scène après scène le film, sans jamais le requestionner donne au récit des airs de mer du Nord ; comme une étendue sans surprise. Le dessin – d’inspiration Sempéenne – pourrait convaincre par sa naïveté, sa simplicité enfantine. Et en même temps, ça reste un graphisme très attendu pour une histoire, somme toute, déjà connue. En résulte un ouvrage qui pioche ses répliques directement du teen movie, et ses dessins chez Le Petit Nicolas. Pas déplaisant, mais pas très inventif non plus.

D’un point de vue discursif, la bande dessinée Diabolo Menthe qui se présente comme une pure retranscription en case des plans du film éponyme est un peu pauvre. Mais il est fort probable que
l’ouvrage table avant tout sur la nostalgie pour convaincre son lectorat. Et on ne peut pas lui en vouloir. N’est-ce pas déjà un bel objectif que de faire revivre aux plus de cinquante ans les joies et les chagrins de leur jeunesse ? Peut-être, même que Diabolo Menthe parviendra à séduire un peu le jeune public. Ça reste une lecture facile qui met au menu du jour une époque, et avant tout un  classique du septième art.