Demain tout commence, Omar contre Kramer

Demain tout commence

de Hugo Gélin

Comédie dramatique

Avec Omar Sy, Clémence Poésy, Antoine Bertrand, Ashley Walters, Gloria Colston

Sorti le 7 décembre 2016

Samuel est un jeune plagiste dont la vie est faite de fêtes et de flirts. Alors qu’il se réveille en bonne compagnie sur un yacht dont il a la responsabilité, Samuel voit débarquer une jeune femme tenant un bébé. Après avoir annoncé à Samuel la paternité de cet enfant prénommée Gloria, cette dernière s’enfuit en taxi, laissant sa progéniture dans les mains de son père hébété.

Dans un dernier espoir, Samuel part alors pour Londres où il espère retrouver la mère de l’enfant, en vain. Ce n’est que huit années plus tard, alors que Samuel et Gloria ont appris à vivre en parfaite harmonie, que la mère ressurgit. Un retour inespéré qui va très vite tourner au conflit.

Demain tout commence est le second film du jeune cinéaste français Hugo Gélin, quatre ans après le très remarqué Comme des frères, film grâce auquel le petit-fils de Daniel Gélin avait frôlé deux Césars en 2013. De ce succès aux allures de film de potes, Hugo Gélin n’en a gardé que les relents doux-amers, comme s’il suffisait d’alterner les scènes humoristiques et les retournements dramatiques pour toucher le spectateur en plein coeur. De cette recette très usitée au cinéma, Hugo Gélin nous a alors sorti Demain tout commence, une comédie dramatique incontestablement touchante, mais affreusement inégale.

De fait, en reprenant mot pour mot le scénario du phénomène mexicain No se aceptan devoluciones d’Eugenio Derbez, Hugo Gélin en a également pris toutes ses anfractuosités, à commencer par son aspect de comédie populaire. Et pour cause, à l’instar de son alter ego mexicain, Omar Sy surjoue et accentue le trait pendant les vingt premières minutes de film, comme pour mieux expédier la contextualisation de l’histoire et prouver au spectateur qu’il est bien devant une comédie et non un drame pur. Une première partie insupportable, tant l’enchainement des verbigérations se noie dans le ridicule de certaines mises en scène. Un humour pathétique trouvant son apogée dans la scène du métro londonien.

Mais passé cette fameuse scène clownesque – et par là-même la longue scène de l’abandon -, le film part alors dans un tout autre registre, bien mieux travaillé, celui du drame. D’un 10 jours en or ayant enterré la carrière de Nicolas Brossette, on passe à un Kramer contre Kramer ayant propulsé Robert Benton. À partir de ce moment, le récit prend de la force, gagne en profondeur et en intrigue. Tardivement hélas, les personnages prennent alors vie et passent de faire-valoir à énigmes. On se complait alors à suivre la mise en abyme de nos deux protagonistes, de retournements de situation en retournements de situation, jusqu’au twist final qui ne laissera personne indifférent. Les uns y verseront des larmes, les autres y trouveront une surenchère émotionnelle, c’est selon.

En résumé, Demain tout commence est une ode à l’amour et la vie, mal servie dans sa première partie par une comédie lourdingue surfant uniquement sur la bonhomie habituelle d’Omar Sy. Une comédie dramatique à apprécier de manière inégale, tout comme son scénario.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.