Daphne, une nymphe qui nous laisse de marbre

Daphne

de Peter Mackie Burns

Drame, Comédie

Avec Emily Beecham, Geraldine James, Tom Vaughan-Lawlor

Sorti le 10 janvier 2018

Daphne est une jeune femme de 31 ans qui vit seule une vie faite de déboires. Jolie, mais peu soignée, elle remplit ses soirées avec des fêtes, de la drogue, de l’alcool, en finissant toujours dans une solitude déprimante. Selon elle, l’amour n’existe pas, c’est une invention, et elle fait bien attention à le tenir loin d’elle. Tout comme elle garde bien ses distance avec sa mère et les nombreuses tentatives que celle-ci emploie pour se rapprocher de sa fille. Le besoin d’affection est remplacé par des relations sexuelles routinières avec des partenaires occasionnels qui semblent à peine la satisfaire. Ainsi elle se présente de manière effrontée et dure, en laissant la vie passer devant ses yeux sans vraiment la saisir, mais plutôt dans une autodestruction qui cache beaucoup de souffrance non-dite.

L’ambiance musicale aux tendances mélancoliques accentue l’univers déprimant et aride de Daphne. Des étiquettes « cocaïne » et « héroïne » sur la salière et la poivrière de sa cuisine mettent en évidence le sarcasme de la jeune femme et son indifférence générale. Pourtant, un événement choquant vient ébranler les barricades de son cœur. Témoin direct d’une scène violente, Daphne reçoit en pleine figure le reflet de son existence misérable. Elle est prise par la suite dans un processus de remise en question qui lui échappe et qui la pousse petit à petit à affronter les colères, les blessures et les peurs de sa vie longtemps étouffées.

Le film est empreint d’une certaine déprime bien amenée, mais qui risque d’être lassante. Il est difficile de s’identifier au personnage principal, et l’on serait plutôt tenté de vouloir secouer la malheureuse jeune femme. D’autre part, le cheminement de Daphne est progressif et son changement est subtil, sans trop de lyrisme, de sorte qu’il n’apporte pas nécessairement un sentiment de satisfaction au spectateur. En effet, l’histoire n’est pas approfondie, certains personnages sont éphémères et leur apparition manque de continuité, ils semblent même délaissés par moments. Cependant, l’oeuvre met le doigt sur des questions existentielles qui peuvent toucher toute personne. Le film nous raconte une histoire de la jeunesse désenchantée de notre époque, révoltée, et paralysée par l’incompréhension des souffrances de la vie. Peter Mackie Burns nous propose un regard tourné vers l’espoir de se relever avec confiance et de retrouver un cœur humain plus serein.

Un drame qui ne fait ni chaud, ni froid, presque statique, sans beaucoup d’action. Un film qui amène une réflexion sur la vie et sur les relations humaines, mais qui manque un peu d’épaisseur et n’est pas nécessairement une partie de plaisir.

A propos Donata Vilardi 25 Articles
Journaliste du Suricate Magazine