Cette chronique répond à un appel à l’aide. Pour tous les films qui traitent de caca, de canapés tueurs, chihuahuas psychopathes ou de coléoptères zombies. Nous sommes là pour vous. Si vous voulez nous proposer un scénario écrit avec les aisselles, nous serons là. Si vous voulez produire un film que même un nouveau-né avec 3 grammes dans le sang peut comprendre, nous serons là. Si vos acteurs ont le talent de Matthieu Matthys qui fait des claquettes, nous serons là. Alors vive les bons films, vive les films de merde et vive les bons films de merde ! Puissiez-vous vivre en harmonie de nombreuses années encore. Amen.

The Unrighteous : Comment je me suis échappée.
Il est 14 h30, j’arrive sur le site et les portes sont fermées. Il paraît qu’elles ouvrent à 15h, étrange tout ça. Je sens déjà le louche arriver. Je me rends au point presse pour savoir si je peux rattraper le film plus tard en room presse parce que je dois me rendre à la conférence sur les éco-tournages. On m’annonce que ce film ne fait pas partie de ceux disponibles. Encore du louche. Je décide tout de même de me rendre au ciné 2 et de profiter des 30 minutes que je pourrai voir. Merde, H Arthur H est sur scène et nous présente son court Mia, de 10 minutes. Salaud de H Arthur H, on n’était pas censé se rencontrer dans ses circonstances. Soudain, j’entends les portes se fermer violemment puis un bruit de lourde chaîne qu’on manipule. Les lumières se rallument et c’est insoutenable. La chaleur augmente. Je réalise que ce ne sont pas les lumières qui se sont rallumées, mais bien la pièce qu est en train de brûler et nous dedans. C’est la panique, ça hurle et pas à la lune, ça essaye d’éteindre le feu avec des restes de bière passée clandestinement, certains tambourinent à la porte. Sur la scène, une femme apparaît, les yeux révulsés, le regard possédé. Je la reconnais, c’est elle qui m’avait alpaguée dans la rue en me demandant si j’étais propriétaire, si j’étais heureuse et si je croyais en Dieu… J’aurai dû dire que je ne croyais pas en Dieu et que je ne jurais que par le Grand Patronat du MR, que j’étais heureuse ainsi. Dans la salle, la chaleur fera bientôt bouillir les quelques cerveaux encore en fonction. Au revoir, dites à ma mère que je l’aime…
Oooh, attendez, c’était une prolepse (et pas un prolapsus bien que tout aussi effrayant), la porte s’ouvre (et se ferme, merci), Mia le court-métrage de H Arthur H se termine et j’ai encore le temps. Je range mes affaires dans mon petit tote bag, je vérifie que tout est dans mes poches, je me lève et je pars. Voilà comment je me suis échappée.
Le début de the Unrighteous claque et me donne envie de voir la suite. Il y a du rythme et assez rapidement, les personnages sont caractérisés et nous donne envie de les suivre. En 15 minutes, l’accroche est faite par une prolepse claire au visuel choc qui titille notre envie de savoir comment l’histoire en arrive là. Je vous le dis, c’était 15 minutes de qualité auxquelles j’ai pu assister. Dites-moi si vous avez vu le reste, j’aimerais savoir. N’hésitez pas aussi à me contacter si vous voulez plus de détail sur mon évasion de la secte. E.K.
Animal attrapé pour le BIFFFODEX : les aliens de Ron Hubbard en vacances en Corée.

Parvulos : on ne choisit pas sa famille
Haaaa ! Enfin un film de zombies ! Ça manquait quand même, pour le moment, à cette bonne édition du BIFFF. Faut dire, que pour ma part, les films de zombies, c’est peut-être un des rares sous-genres fantastiques que j’aime regarder au premier degré. Mais Parvulos va bouleverser toutes nos attentes primaires. Dans la première partie, il n’y a pas vraiment de zombies hormis trois cadavres pendus à un arbre et un « monstre » qui se cache dans une cave. Le film est surtout centré sur Riri, Fifi et Loulou (ou Salvador, Oliver et Benjamin mais c’est trop banal) qui survivent reculés dans les bois. Riri étant devenu le substitut paternel des deux autres. Si on sent bien le danger, on en veut plus pour nous mirettes. Et la deuxième partie va exaucer nos vœux mais pas à la manière d’un Walking Dead et ses milliers de zombies ! On découvre que dans la cave, ce sont deux « monstres » qui y vivent et qu’il s’agit des parents qui ont été infectés. S’ensuit alors un moment plutôt comique mais tout aussi macabre où les enfants essaient d’éduquer leurs parents-zombies et de tenter de vivre une vie normale. La troisième et dernière partie va faire intervenir des protagonistes extérieurs et si de prime abord, cela casse un peu le charme du film, elle se justifie par le désir du réalisateur de casser les codes et de ne rien épargner à ces héros. Au final, Parvulos, c’est joliment filmé et c’est rempli de scènes bien gores. Mais surtout, ça se permet d’aller à l’encontre des codes habituels en explorant le macabre sans rien s’empêcher, même si ce sont des enfants qui sont au centre de l’histoire. L.S.
Animal attrapé pour le BIFFFodex : le joli petit border collie abattu pour bien manger

The Assessment : êtes vous prêt pour votre évaluation ?
Dans un monde futur où la crise climatique a atteint des sommets, des mesures ont été prises pour baisser les êtres vivants sur cette terre : régularisation des naissances et extinction des animaux de compagnies. Mais il y a encore une possibilité d’avoir un enfant : suivre une évaluation d’une semaine et faire partie des élus qui pourront être parents grâce à une grossesse ex-utero. Mais l’évaluatrice est prête à tout pour tester les couples et les 7 jours à devoir s’occuper de cette enfant-adulte vont être éprouvants. Dans les premières minutes, j’hésitais entre parfaire mes blagues pour la chronique ou quitter la salle pour boire une bière, The Assessment a fini par me happer. Que ça soit dans la mise en scène de Fleur Fortuné ou dans l’interprétation des acteurs et actrices investis dans leur rôle. Mais surtout, c’est le genre de moment où notre réalité se retrouve dans un film et il prend alors une dimension totalement différente et nous touche aux tripes. Si je ne doute pas que le public a aimé ce très bon film, c’est un intérêt personnel à certaines thématiques du film qui m’ont retourné et m’ont empêché de revenir à l’amusement du festival pendant une bonne partie de la soirée. Le BIFFF ce n’est pas que le délire mais aussi, parfois, le coup de cœur et sortir d’une salle complètement chamboulé. L.S.
Animal attrapé pour le BIFFFodex : Un singe virtuel car tous les animaux de compagnie ont été éradiqués

Hidden Face : Rendez-nous les mauvais films !
Enfin ! En manque de films oubliables ou tout du moins passables mais pendant lequel on attend impatiemment la fin, c’est confiant que je me rendais au Ciné 2 pour Hidden Face. Thriller coréen, deux heures, un réalisateur à la page IMDB aussi fournie que le crâne de Loïc, c’était bingo. Ça va être un truc long et chiant sans être foncièrement mauvais, me disais-je. Je vais pouvoir taper un petit somme à la moitié et me réveiller 20 minutes avant la fin et encore comprendre, pensais-je. Je pourrai me barrer à un moment boire une bière avec les autres et revenir frais comme un gardon de la veille et ça passera crème, me réjouissais-je Il va y avoir une scène de poursuite en voiture, une scène pseudo-stressante où l’héroïne est poursuivie par le méchant et du remplissage à côté, supposais-je. Eh bien que me trompais-je ! À la place du remake version 7-Eleven de Black Swan, je me suis retrouvé avec une véritable pépite coréenne. Du genre qui vous cloue à votre siège, vous prend dans l’histoire dès les premières minutes et vous garde une bonne dose de suspens en stock pour vous tenir accroché pendant deux heures. Mais moi j’avais pas signé pour ça ! Ils sont où les films d’exorcisme brésiliens, les thrillers de Singapour et les heroic fantasy bulgare avec des effets spéciaux des années 90 ? Où sont passés les Night at the Eagle Inn, The Envelope, Memories of the Sword ou El Habitante ? Est-ce qu’on va vraiment nous proposer des bons films ? Mais c’est inhumain !
Moi je pensais que j’allais enfin pouvoir me faire doucement chier pendant deux heures et écrire une chronique sur une réalisation toute pété en concluant par « C’était aussi oubliable que mes performances au lit avec mes copines. ». Au lieu de ça, j’ai sur le dos une histoire de pièce secrète dans laquelle Soo-yeon, Paris Hilton coréenne qui joue du violoncelle, s’enferme avec la complicité de son amante Mu-ji pour espionner son futur mari Sung-jin. Sauf que bien sûr, Mu-ji n’a pas prévu de la relâcher et va petit à petit prendre sa place dans le lit de son futur mari.
Quelle déception. Ce Hidden Face joue avec les codes du thriller avec brio pour nous proposer une réalisation qui rentre dans cette case tout en la dépassant. Ça joue juste, le rythme est à couper le souffle au poil de cul, la réalisation de Dae-woo Kim tient la route sans jamais partir dans le bas-côté. Bref, que des mauvaises surprises. Si comme moi, vous voulez perdre votre temps avec un film moisi mais pas trop, le genre de film où si le 2 sort au BIFFF dans quelques années vous aurez oublié que vous avez vu le 1, passez votre chemin. Hidden Face est malheureusement une excellente production qui vaut la peine d’être vue.
Heureusement, on clôture la journée avec Scared Shitless et avec un nom et un pitch pareil, ça sent plus la merde que le chef d’œuvre. O.E.
Animal trouvé pour le BIFFFODEX : Kaaris Hilton. La fusion version DBZ du Dozo d’Abidjan et de Paris Hilton.

Scared Shitless : un film à chier
Enfin Scared Shitless ! Après une journée éprouvante passée à voir de très bons films, il nous fallait un bon petit film bien merdique pour retrouver nos repères. Et c’est là que Scared Shitless ente en scène. Vous vous en doutez si vous nous lisez depuis le début du festival, Le Suricate au BIFFF c’est un peu une colonie de vacances (dédicace au BIFFFOPHONE, les colonies de vacances c’est chouette, personne ne vous fera taire !) avec des adolescents qui ont 5 ans d’âge mental mais l’âge légal pour se foutre une énorme taule et l’envie de le faire. Et quand tu nous mets un film qui tourne autour du caca et des monstres qui dégomment des gens en passant par les toilettes, tu nous avais déjà convaincu à caca.
Scared Shitless fait partie des films qui auront toujours un public fervent au BIFFF. C’est con, c’est gore, le scénario c’est trois lignes écrites sur une feuille de PQ, les acteurs sont aussi mauvais qu’Elodie pour tenir l’alcool mais qu’est-ce qu’on aime ça. Entre blagues de pets, morts jouissives et effets spéciaux d’aussi bon goût que l’humour de Stéphane, c’était juste parfait.
Car oui, il nous faut aussi des films cons et drôles. Je profite de cette chronique pour déclarer mon amour inconditionnel aux films débiles. Qu’ils soient à tendance scatophile ou non, ils sont le sel sur nos fraises, le tabasco dans notre moelleux au chocolat, la cerise sur nos spaghet bolos. Merci d’exister, merci de nous faire passer d’aussi bons moments et merci pour le caca. O.E.
Animal attrapé pour le BIFFFODEX : un Cacarapuce.
Loïc Smars et Olivier Eggermont