Bienvenue à Marly-Gomont : est-ce que le beat est bon ?

Il arrive que deux journalistes n’aient pas le même vécu après la vision d’un film. Parfois, le premier aime, le deuxième pas du tout. Qu’en avons-nous pensé ? Retrouvez les deux critiques dans cet article.


bienvenue à marly gomont affiche

Bienvenue à Marly-Gomont

de Julien Rambaldi

Comédie

Avec Marc Zinga, Aïssa Maïga, Rufus, etc.

Sorti le 8 juin 2016

Fais le bouffi-bouffon : Les blagues fusent, bonnes ou mauvaises, malignes ou vulgaires, elles font mouche !

Bienvenue à Marly-Gomont : j’viens pas d’la cité mais le beat est bon

1975. Seyolo est un jeune médecin d’origine congolaise fraîchement diplômé de l’Université de Lille. Afin d’obtenir la nationalité française, il décide de s’installer avec femme et enfants dans un petit village au fin fond de la Picardie. Désespérément à la recherche d’un docteur, les habitants de Marly-Gomont s’attendaient à tout sauf à ce choc des cultures. Passés les premiers émois, Seyolo et ses proches devront gagner la confiance des villageois afin de devenir à leur tour de véritables Marlysiens.

« J’viens pas d’la cité mais le beat est bon, j’viens pas d’Paname mais d’Marly-Gomont », il y a 10 ans déjà Kamini, un rappeur amateur, sortait dans les bacs l’hymne de nos campagnes. Drolatique satyre, ode aux pouilleux picards, Marly-Gomont c’est avant tout un rap acide sur les difficultés d’une famille à s’intégrer, lorsqu’on est seul à marquer sa différence. C’est ce choc des cultures que Kamini a voulu transposer à l’écran et ce grâce au soutien du réalisateur Julien Rambaldi. A travers les yeux de son père, décédé en 2009, il endosse cette fois la casquette de scénariste et nous fait faire un bond de 40 ans en arrière.

Si la tentative ne manque pas de charme, elle ne tient malheureusement pas les promesses de l’ode originale. La chanson de Kamini, décapante, fait place ici à une œuvre populaire plus conventionnelle dans la veine de La famille Bélier ou encore de Bienvenue chez les Ch’tis. Le résultat reste divertissant et offre quelques moments sympathiques sans pour autant parvenir à réellement nous émouvoir. C’est certain, Bienvenue à Marly-Gomont, en digne descendant des comédies populaires « made-in France », possède tous les ingrédients pour faire recette au box-office. Mais, à force de vouloir trop séduire, le message initial se perd dans une intrigue trop prévisible. Dommage.

Elise Voillot

Bienvenue à Marly-Gomont : l’hommage de Kamini

10 ans après le succès de son morceau Marly-Gomont où le beat était bon malgré les champs et les vaches, Kamini a enfin réussi à faire adapter son histoire au cinéma. Si au début il pensait à une sitcom dans le style du Prince de Bel-Air, c’est la mort de son père en 2009 qui l’a convaincu de rendre un hommage à cet homme qui a montré que le travail et l’acharnement pouvaient soulever des montagnes. Ou comment un orphelin du Congo belge a réussi à avoir un diplôme de médecine en France et à se faire accepter dans un monde rural effrayé par l’étranger.

Effectivement, certaines situations pourront paraître clichés (comme dans Bienvenue chez les Ch’tis), mais ce film cherche principalement le divertissement et tente de faire passer un message aux enfants issus de l’immigration : c’est le travail qui permet de s’en sortir, pas la victimisation. Le point fort du film est justement l’alchimie entre les passages humoristiques et les passages émouvants. Kamini et Julien Rambaldi, le réalisateur, n’en font jamais de trop et ne rendent pas les choses irréalistes. Ils puisent dans l’histoire de cette famille et se contentent de la réalité pour raconter une belle histoire. C’est peut-être aussi la limite du film : rien n’est grandiloquent, l’histoire n’est pas sensationnelle. Ce n’est juste que la vie de gens simples qui tentent de s’en sortir.

Ce côté simple et prévisible pourra empêcher certaines personnes d’apprécier l’histoire, étant habituées à quelque chose de plus ; ou alors, comme dans le cas de  Bienvenue chez les Ch’tis à l’époque, ce monde rural touchera moins ceux ne connaissant que très peu cette région, cet accent et ce mode de vie. Mais il est conseillé à tout le monde de se faire son propre avis, il serait dommage de passer à côté d’un bon moment.

Loïc Smars

A propos Elise Voillot 51 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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