De Petri dish
Interprétation Viola Baroncelli, Marina Cherry, anna Nilsson et Angela Wand
Du 18 avril au 26 avril 2025
Au Théâtre de Poche

Comme le titre du spectacle l’indique, « Kyo Ru Gi » signifie « compétition » en coréen. Mais s’agit-il d’une compétition ou d’une analyse des différentes facettes de la compétition ? Sur scène, une coach et trois athlètes, dont deux spécialistes du pole dance, proposent une série de numéros circassiens (Viola Baroncelli, Marina Cherry, Anna Nilsson et Angela Wand). Chaque saynète mérite une interprétation ; tout est pensé, mais aussi spontané. La compagnie « Petri Dish », comme ses artistes, a une vocation internationale. Dans ce spectacle, l’accent est mis sur les rôles de genre. Surprenant et intéressant.
S’il y a bien un message derrière leurs prestations, le spectacle se décline aussi au premier degré, celui du cirque et de ses contorsionnistes, avec quelques mouvements plus lents, clin d’œil à l’immédiateté qui caractérise la société d’aujourd’hui.
Au son de paroles glorifiant le corps (« I’m beautiful, I love my body, I respect my energy, I prioritize myself, I choose love over fear »), les danseuses accueillent le public à leur rythme, indépendamment des diktats. Mélangeant les codes, leurs mouvements s’apparentent parfois à ceux des stars de body building masculines.
On passe ensuite au pole dance et à la boxe, sous l’œil d’une coach sévère toute de rouge vêtue, n’hésitant pas à reprocher aux athlètes leurs fesses molles ou un ventre trop proéminent, tout en leur déposant un petit baiser d’encouragement. Le spectacle entend également analyser les relations entre athlètes.
Ensuite… le fouet claque ! Avec la soprano Anna Moffo accompagnée par le chef d’orchestre Léopold Stokowski qui dirige l’orchestre symphonique américain, un moment assez grandiose. Nous sommes bien au cirque ! Parfois, on hésite pourtant : entre danse, théâtre et improvisation, les protagonistes s’en donnent à cœur joie. Elles sont libres et cette liberté est indubitablement une composante du spectacle.
Après un numéro de contorsionniste au sol, digne de la plus douée des araignées, une nouvelle prestation de pole dance, en combinaison cette fois. Tandis que la musique scande « I’m not good enough » et que la coach semble plus que décidée à nourrir son élève de céréales, la danse classique occupe bientôt le terrain, suivie d’un numéro de capillotractage. La musique est à chaque fois assez déjantée avec des morceaux comme « Parola » de Anna Caragnano & Donato Dozzy.
Finalement, que penser de tout cela ? Certes, des artistes multidisciplinaires qui valent le détour, une manière résolument contemporaine de présenter les choses et un message louable en toile de fond. Toutefois, petit bémol au niveau de l’accessibilité de ce message, pas toujours clair et peut-être aussi un manque de lien entre les prestations. Mais doivent-elles être liées ? Si vous avez envie de voir un spectacle passablement déjanté, qui se moque des codes et des attentes, alors ce spectacle (Petri Dish I.S.E. asbl en coproduction avec le Théâtre de Poche, Latitude 50 Pôles des arts du cirque et de la rue, La Coop asbl et Shelter Prod.) est pour vous, délicieusement libre et joyeusement original !