
The Amateur
Réalisateur : James Hawes
Genre : Drame, Thriller
Acteurs et actrices : Rami Malek, Laurence Fishburne, Rachel Brosnahan
Nationalité : USA
Date de sortie : 9 avril 2025
Comment fabrique-t-on un héros d’action hollywoodien ? Les récents épigones du genre, de The Fall Guy à Argylle, en passant par Furiosa : Une saga Mad Max, présentaient les signes d’une formule émoussée à laquelle une partie du public ne semblait plus vouloir adhérer. Lassitude des franchises interminables, rejet de l’ironie, désir d’autres récits : cette fatigue tendancielle des spectateurs et spectatrices est sans aucun doute complexe, multifactorielle, et préoccupe plus que jamais les cols blancs de l’usine à rêves, toujours à la recherche de leur prochaine poule aux œufs d’or. Réalisé par James Hawes, à qui l’on doit la première saison de la série d’espionnage Slow Horses, The Amateur affiche des ambitions saines en regard du contexte qui le voit naître : redémarrer à zéro et construire un héros de toutes pièces, à partir d’un personnage que rien ne destine à une telle responsabilité.
Charles Heller, cryptographe pour la CIA, est un homme timide et chétif qui, du propre avis de son épouse, ne prend jamais de risques. Lorsque cette dernière est assassinée dans une prise d’otages, le pleutre va devoir se transformer en une redoutable machine à tuer pour venger la mort de sa bien-aimée. En prenant le contrepied des revenge movies à la Taken, dans lequel Liam Neeson sortait de sa retraite d’agent des Forces Spéciales pour refroidir des truands d’Europe de l’est, The Amateur fait le pari d’exposer son protagoniste au ridicule : incapable de tirer une cible à plus d’un mètre, l’apprenti espion est trop sensible pour faire chanter ses opposants et ne peut crocheter une serrure sans un tutoriel YouTube.
Hélas, la promesse de vulnérabilité et de drôlerie ne tient qu’un temps : très vite, Heller prend du gallon et met à profit son QI hors du commun pour triompher de ses ennemis, et le film délaisse alors le peu d’originalité qui aurait pu le démarquer du tout venant du genre pour emprunter une autoroute archi-balisée. Jason Bourne sans la nervosité, James Bond sans l’élégance brit, Mission Impossible sans les séquences d’action spectaculaires, le long-métrage de James Hawes est immédiatement ringardisé par les références qu’il convoque et rappelle par moments les heures les plus sombres des direct-to-DVD. La faute à un projet resté dans les tiroirs pendant de nombreuses années, adaptation d’un roman publié au temps de la Guerre Froide modernisé à gros traits, définitivement plombée par une mise en scène générique. Pour le héros d’action moderne, on repassera.