Serena Dykman, réalisatrice en pleine ascension

Serena Dykman est une jeune femme pleine d’énergie et d’idées ayant grandi entre Paris, Londres, Bruxelles et New York. Femme du monde mais aussi réalisatrice de talent puisque son premier court métrage intitulé Losing Character a été salué à Cannes. À l’heure actuelle, Serena Dykman vient d’achever la campagne de financement de son prochain court ayant pour titre Bed Bugs & Company. Rencontre avec une cinéaste à l’avenir radieux.

Bonjour, Serena, on peut lire dans votre profil que vous êtes ‘une enfant de troisième culture’, pouvez-vous nous expliquer ces termes ?

C’est un terme qui définit quelqu’un qui a grandi dans un autre endroit que le pays où il est né ou que la terre natale de ses parents. Pour moi, c’est la notion de n’appartenir vraiment à aucun pays, mais de se sentir chez soi partout. C’est être un citoyen du monde, et avoir une capacité à s’adapter et à mieux comprendre d’autres styles de vie et d’autres cultures. C’est avoir une curiosité sans fin, et un besoin de voyager et de découvrir.

Dans vos courts métrages, les personnages originaux, marginaux, ont la part belle. Est-ce parce que vous les trouvez plus intéressants ?

Je ne sais pas si c’est une question de plus ou moins intéressant. Il est vrai que j’ai toujours été attirée et inspirée par des personnages hors du commun. Ce qui me fascine en particulier, ce sont les gens qui font les métiers auxquels l’on ne pense que très rarement, comme les portiers, les inspecteurs de punaises de lit, etc… Je suis quelqu’un de très curieux, et je veux toujours tout savoir sur la vie des gens. Mais j’avoue que j’ai une certaine tendance à l’imaginer, l’écrire et la mettre en images, plutôt que de leur poser la question…

En quoi New York nourrit votre travail ?

Depuis que mon père m’a fait visiter cette ville qui ne dort jamais (et qui ne vous laisse jamais dormir) lorsque j’avais douze ans, je m’y suis sentie chez moi.

New York est une ville fascinante par sa diversité. Tous les jours, on y a l’opportunité de rencontrer une nouvelle personne, de découvrir un nouveau quartier, d’apprendre quelque chose, d’y dénicher quelque chose d’inédit. C’est une ville très caméragénique ; il y a le New York classique avec les buildings, mais à quelques arrêts de métro, vous vous trouvez dans un vieux port, à quelques minutes de voiture, vous êtes dans le quartier chinois, 20 minutes de bateau, vous êtes à la plage… C’est une chance incroyable d’avoir autant de paysages et de quartiers différents concentrés dans une ville. Par ailleurs, New York est une ville incroyablement stimulante car la routine ne s’y installe pas. C’est l’endroit idéal pour un cinéaste car l’imagination est constamment en éveil. De plus, c’est une ville où tout peut se trouver et tout peut se faire. J’ai réussi à trouver un dompteur d’insectes spécialisé en cinéma en 48 heures, construire 8 décors pour 8 appartements différents en 5 jours, engager un chien célèbre (avec CV !) en un jour, et j’en passe. Le mot «impossible» ne fait pas partie du vocabulaire, mais il faut être prêt à se battre pour obtenir ce que l’on veut !

Effectivement, New York est une ville qui suscite la curiosité et la nourrit. Nombreux sont les réalisateurs à s’inspirer de son ambiance, à la considérer comme un personnage à part entière dans leurs films. Que pensez-vous de cette démarche ?

S’inspirer et utiliser New York en tant que personnage dans un film a tendance à susciter l’intérêt du spectateur. J’entends souvent des producteurs dire que dès qu’ils lisent un scénario qui se passe à New York, ils sont intéressés. Donc c’est non seulement une bonne idée créative, mais c’est aussi une stratégie commerciale intelligente. Il est important de se rappeler que la majorité des spectateurs ne vivent pas à New York, et de ce fait, ne connaissent pas la ville comme un habitant la connaît. Faire de New York un personnage à part entière est souvent une bonne idée, mais le réalisateur ne peut pas oublier qu’un film doit avant tout raconter une histoire; ce n’est pas un documentaire sur la ville. Lors de la production de mon avant-dernier court métrage The Doorman (Le Portier), nous avons fait attention à ce que le public puisse s’identifier aux personnages, malgré le fait que l’histoire est très new–yorkaise. Le métier de portier existe presque exclusivement à New York, et les New-Yorkais qui vivent dans ce genre d’immeuble connectent le film à leur propre expérience. Mais The Doorman est avant tout une histoire d’amour entre deux personnes qui ont perdu espoir en l’amour. C’est un sujet universel, placé dans un cadre new-yorkais.

Merci Serena pour cette interview. Et félicitations pour votre film The Doorman reçu au « Short Film Corner » au Festival de Cannes.

Propos recueillis par Elodie Kempenaer

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