Stéphane Huchard : Tranches de tronches (Quand le batteur se fait aussi chanteur)

Stéphane Huchard, un des meilleurs batteurs européens, nous présente, sous son diminutif « Stuch« , un sixième album particulièrement original et intitulé Tranches de tronches (Such Prod).
En effet, son CD généreux de quatorze plages allie un répertoire de onze chansons inspirées de l’univers d’Audiard et du tout bon jazz où le swing et le groove sont omniprésents.

Stuch joue donc brillamment les rôles de narrateur, conteur, chanteur et batteur au travers de compositions et arrangements surprenants teintés parfois aussi de blues (Blues du cambriolage, Douce nuit,..) et même de rock (Tranches de tronches, Permis à poings,..).

Il jongle délicieusement avec les mots comme avec ses fûts et cymbales pour nous proposer des textes amusants, burlesques, légèrement décalés à la Gotainer (Total déjanté, La teigne) ou d’autres plus élaborés, sophistiqués dignes de Nougaro (Foutu manège, Jungle conso) à qui, d’ailleurs, son timbre de voix peut faire penser à certains moments.

L’écriture présente, en tout cas, un vocabulaire riche et subtil pour nous raconter des histoires drôles, imaginaires frôlant une agréable dérision. A noter que deux compositions reprennent les paroles de Boris Vian (Bourrée de complexes) et de Charles Baudelaire (L’homme et la mer).

Côté musical, le talentueux batteur démontre à nouveau toute la panoplie de son jeu tout au long de cet album alternant de jolies mélodies et des morceaux plus soutenus.

Il est solidement accompagnés par les « chevronnés » Laurent Vernerey (basse), Jérôme Regard (contrebasse), Stéphane Guillaume (saxophone, flûte), Louis Winsberg (guitare) mais aussi par des plus jeunes qui assurent tout autant dont Edouard Coquard (percussions, choeurs) et Sylvain Gontard (trompette), Marian Badoï (accordéon), Laurent Coulondre (piano et claviers) dont certaines envolées sont somptueuses. Trois superbes instrumentaux complètent donc cet album.

Goubul gare est un morceau bien rythmé qui montre toute la cohésion entre les musiciens et nous octroie un beau solo final de batterie.

In extremis et Petite valse sont deux jolies ballades dans lesquelles le pianiste excelle, soutenu par une rythmique imparable.

Ce dernier opus de Stéphane Huchard, alias Stuch, demande une écoute toute particulière car au-delà de la prouesse de son auteur, c’est un projet très abouti qui ravira vos oreilles par ses fines paroles conjuguées à une musique de grande qualité.

A propos Pierre Gérard 65 Articles
Chroniqueur pour la partie du Suricate Magazine consacrée au Jazz

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