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    Rio, I love you

    rio i love you poster

    Rio, I love you

    de Fernando Meirelles, Carlos Saldanha, Im Sang-soo, Stephan Elliott, Paolo Sorrentino, Guillermo Arriaga, Andrucha Waddington, Nadine Labaki, José Padilha, John Turturro et Vicente Amorim

    Comédie dramatique

    Avec Rodrigo Santoro, Ryan Kwanten, Emily Mortimer

    Sorti le 3 juin 2015

    Après Paris je t’aime (2006) et New York I love you (2009), c’est au tour de Rio d’intégrer le projet « Cities of love » imaginé par le producteur Emmanuel Benbihy. Ce troisième volet reprend la formule des deux premiers : une dizaine de courts-métrages réalisés par des cinéastes différents composent le portrait d’une ville à partir des histoires d’amour qui y prennent vie. Par rapport au découpage très net de Paris je t’aime en séquences autonomes, la version brésilienne joue davantage la carte de la couture souple : on recroise certains personnages d’une histoire à l’autre et les saynètes se déroulent apparemment dans une même temporalité.

    Ces transitions fluides renforcent la sensation plutôt agréable qui se dégage de l’ensemble : on est évidemment séduit par les vues aériennes du site naturel hors-du-commun de Rio, par les fragments de rues écrasées de lumière, de plage, de surf et de soleil qui font passer d’un récit à l’autre. Mais ces petites articulations traduisent aussi les limites du film, vite atteintes : on a rarement l’impression de dépasser la pub carte postale et les courts-métrages nous laissent, globalement, à l’extérieur de l’expérience de la ville vivante. Les films semblent décrire des stéréotypes de Rio — les gamins des rues craquants, l’omniprésence de la plage, les habitants sexy, la danse — plutôt que de nous immerger dans son atmosphère, de capter son rythme, sa sensualité, son bouillonnement et ses contradictions. On en reste à un style particulièrement léché pour une ville très photogénique, comme vue de loin : les films s’écartent à peine des milieux privilégiés et, quand ils osent le faire, la misère prend le visage esthétisé d’une vieille qui a choisi la rue (Mrs. Nobody), d’un gosse adorable au bagout délicieux (The Miracle) ou d’un délire fantastique (The Vampire of Rio). C’est parfois mignon (The Miracle), au mieux drôle et bien ficelé (La Fortuna), mais l’impression qui domine est celle de courts-métrages plutôt vains ou inaboutis (Texas, Mrs. Nobody, I think I’m in Love), comme autant de débuts qui cherchent leur forme et ne débouchent sur rien. Et quand il est question de grands sentiments (When there is no more love, Pas de Deux), les dialogues tombent dans une grandiloquence désincarnée qui joue sur les codes éculés de la passion absconse et tragique (on-s’aime-donc-on-se-quitte) : on est plus dans la carte postale, mais dans la pub pour le café ou le clip glamour.

    On ne peut pas trop se plaindre : il y a eu du soleil, de la lumière et de la langoureuse musique brésilienne tout au long du voyage. Cela dit, on n’aurait pas été contre un peu plus d’épaisseur, et, tant qu’à faire, on aurait bien aimé voir un peu mieux la ville. Parce qu’il s’y passe des choses incroyables, à Rio — et c’est peut-être la plus belle histoire de Rio je t’aime, la preuve : le court-métrage de l’Australien Stephan Elliott est autobiographique. Il a vraiment rencontré l’amour de sa vie en grimpant une montagne qui l’avait radicalement fasciné lors de son premier voyage à Rio. Après l’éprouvante ascension, il a simplement murmuré à son accompagnateur, qu’il voyait pour la première fois : « je crois que je suis amoureux. »

    Avec un peu de mauvais esprit, on en conclurait que les histoires extraordinaires ne donnent pas forcément des films fabuleux. On peut alors décider de s’en remettre à la réalité et de partir explorer pour de vrai l’envoûtante cité brésilienne afin de vérifier si, comme le promet l’accroche accompagnant le film, « certaines histoires d’amour n’arrivent qu’à Rio ».

    Emilie Garcia Guillen
    Emilie Garcia Guillen
    Journaliste du Suricate Magazine
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