Opération synapsen R4 de Philippe Fuzellier

Opération synapsen

auteur : Philippe Fuzellier
édition : Mon Petit Editeur
sortie : juillet 2015
genre : polar

Lorsque Nathalie Soulat, capitaine au SRPJ de Limoges se voit confier une affaire de disparition, elle ne sait pas encore qu’elle se lance par là­ même dans la traque de deux tueurs d’enfants. L’aide d’Éric Dampierre, profiler de son état, ne sera pas de trop face à une enquête tortueuse. Quatrième roman de Philippe Fuzellier, Opération synapsen R4 intrigue rapidement, mais peut-être pas pour les bonnes raisons.

Passons rapidement en revue les défauts liés à la rédaction même. Non pas qu’il s’agisse des éléments les plus marquants du livre, mais leur présence marquée ne saurait pour autant être ignorée. Tout d’abord, les fautes de frappe laissent à soupçonner un manque de relecture (pour exemple L’île de Mures devient ainsi « L’île de Murdes » le temps d’une page ou deux). Cette impression désagréable se poursuit avec les répétitions. Plusieurs mêmes mots se succèdent ainsi au sein d’un même paragraphe. Plus inattendu, les répétitions se font également thématiques, au sein d’un même chapitre. Il n’est ainsi pas rare de voir les informations obtenues lors d’un dialogue être reprises et résumées dans les lignes qui le suivent.

Le style d’écriture de l’auteur facilite également la déstabilisation du lecteur. Philippe Fuzellier utilise peu de ponctuation, et privilégie des dialogues dans un style maniéré qui leur enlève en crédibilité, mais qui contraste surtout sérieusement avec l’aspect sordide des crimes sur lesquels devrons enquêter les deux héros. De quoi générer une ambiance étrange, pour ne pas dire quasi irréelle par moments, mais néanmoins pas dénuée de charme, ces moments de flottement tranchant avec le rythme ciselé appliqué au reste du roman.

L’écrivain ne s’intéresse, en effet, quasiment qu’aux moments où l’investigation avance, et a, pour ce faire, recours à des ellipses qui couvrent parfois plusieurs mois. En plus d’ajouter du réalisme à l’ensemble, le procédé a le mérite de resserrer le récit autour de son véritable point fort : une enquête compliquée et prenante, qui ira jusqu’à se dérouler sur plusieurs pays.

Néanmoins, cette technique souligne également l’une des faiblesses du roman, à savoir son manque de fond psychologique. Si les aspects procéduriers, qu’on imagine basés sur une forte documentation, tiennent en haleine et s’avèrent convaincants, il n’en va pas de même pour le traitement des relations entre les personnages. Certains d’entre eux étant souvent séparés et très peu représentés ensembles, il devient difficile de croire à leurs sentiments naissants, quand il s’agit d’amitié, mais encore plus quand il s’agit d’amour. Nous pouvons supposer que de nombreux faits ayant trait à ce phénomène se sont déroulés entre les chapitres, il n’empêche qu’en l’état il est difficile d’y percevoir autre chose que le traitement superficiel d’un des clichés du genre. Ce qui est d’autant plus dommageable, l’auteur prenant vraisemblablement un plaisir communicatif à nous narrer l’enquête principale.

A propos Guillaume Limatola 126 Articles
Journaliste

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