De Josiane Balasko
Mise en scène Nathalie Uffner
Interprétation Odile Matthieu, Thibaut Nève et Julien Van Boeckel
Du 15 mai au 28 juin 2025
Au Théâtre de la Toison d’Or (TTO)
Après avoir fait un passage remarqué l’année passée au Lac de Genval — Nuit d’ivresse est désormais reprise au Théâtre de la Toison d’Or dans une version savoureusement « à la belge » mise en scène par Nathalie Uffner avec Odile Matthieu, Thibaut Nève et Julien Van Boeckel. Cette comédie de Josiane Balasko, rendue célèbre par le film éponyme de 1986 avec Balasko et Thierry Lhermitte, retrouve ici une nouvelle jeunesse scénique.
C’est l’histoire d’un gars
L’histoire est simple : un animateur télé imbibé et désabusé rencontre une ex-détenue esseulée dans un bar de gare. Une nuit improbable débute, entre clash verbal, confidences à demi-mots et glissements inattendus. Le public est immédiatement embarqué dans ce huis clos improbable où les deux solitudes s’entrechoquent.
La mise en scène d’Uffner tire habilement parti de cette confrontation. Le décor, à la fois fonctionnel et chaleureux, crée un espace crédible où le comique de situation peut pleinement se déployer. La scénographie, soignée sans être tapageuse, laisse la part belle au jeu des comédiens — tous investis, généreux et complices. Le rythme est maîtrisé, l’énergie ne faiblit jamais, et l’on sent une véritable envie de faire vivre ce texte.
Côté scène, côté salle
La salle rit à gorge déployée, portée par une génération qui semble avoir grandi avec l’œuvre et retrouve avec un plaisir évident ses répliques devenues cultes. De notre côté, n’ayant pas été bercés par ce classique, cette Nuit d’ivresse au TTO fut une première rencontre. Et cela change peut-être le regard que l’on pose sur la pièce. Çà et là, certaines phrases ont pu surprendre. La dynamique entre les personnages, ponctuée de propos misogynes ou grossophobes, dévoile une forme de violence verbale qui, aujourd’hui, interroge. Sans altérer l’énergie générale, ces dissonances soulèvent des questions légitimes sur la manière dont l’humour d’hier résonne auprès d’un public contemporain.
Mais au-delà de ces aspérités, c’est surtout la joie du jeu qui l’emporte. Le plaisir visible des comédiens, la mise en scène vive et accessible, et l’enthousiasme d’une salle conquise font de cette Nuit d’ivresse une parenthèse théâtrale généreuse, où le rire reste le meilleur lien entre les générations.