Monsieur a la migraine : un livre « feel good » sur la sexualité féminine

Couverture du roman "Monsieur a la migraine" de Valérie Cohen (J'ai lu, 2019)

Titre : Monsieur a la migraine
Auteure : Valérie Cohen
Éditions :  J’ai Lu
Sortie : 8 mai 2019
Genre : Roman sentimental, chick lit

Monsieur a la migraine est un roman divertissant sur quatre femmes qui cherchent à s’épanouir en renouant avec leur sensualité. De la « chick lit » pleine de bons sentiments qui plaira aux amatrices du genre, mais qui ne brille pas vraiment par son originalité.

Monsieur à la migraine, c’est l’histoire de quatre femmes qui, insatisfaites de leur vie affective et sexuelle, décident de consulter un sexologue pour reconnecter avec leur corps et leurs désirs. Loin du glamour de Sex and the City, Anna, Noémie, Julie et Lucia mènent des vies plutôt rangées à Bruxelles et dans sa périphérie. De la trentaine à la cinquantaine, elles ont pour la plupart des enfants, un (ex) mari, une carrière, mais elles ont aussi l’impression de ne plus se sentir aussi « femmes » que quelques années auparavant.

Elles se rencontrent à l’occasion d’une thérapie de groupe organisée par Patrice Denis, un ancien architecte devenu « architecte du désir ». On ne sait pas trop pourquoi Patrice n’a que des clientes femmes, mais on comprend vite qu’il s’agit ici de parler de la sexualité du point de vue féminin. Rien de vraiment croustillant cependant : les participantes recherchent avant tout une relation romantique-hétérosexuelle-monogame, le sexe étant perçu comme l’une des composantes indispensables d’une vie affective épanouie.

Malgré un style très lisse et une intrigue assez peu originale, on ne peut pas s’empêcher de s’attacher à ses femmes et à leurs histoires à la fois banales, uniques et universelles. Côté positif, l’auteure alterne de manière habile entre les récits de chacun de ses personnages. Elle évite de longues scènes de confidences collectives et choisit de révéler les témoignages par bribes, au fil de différents chapitres dans lesquels les femmes se confient les unes aux autres dans des situations très variées, évitant ainsi toute monotonie. Cet aspect de la narration est plutôt réussi et fait émerger petit à petit une véritable solidarité et une forte empathie entre les quatre femmes et leur thérapeute.

Côté négatif, les « méthodes » de Patrice Denis sont assez conventionnelles. Elles ont trait au développement personnel plus qu’à la psychologie ou à la psychanalyse (méditation, s’écrire une lettre à soi-même…). En sortent des confidences intimes, certes attendrissantes, mais sans surprise ni profondeur psychologique. Le style même de l’auteure tend à renforcer cette impression de superficialité, avec par exemple l’utilisation récurrente d’expressions comme « la jolie blonde » pour désigner le personnage de Noémie.

C’est dommage, car le thème central du roman est très intéressant : Dans quelle mesure la parole peut-elle aider à se libérer des frustrations sexuelles ? Pourquoi les hommes et les femmes ont-ils aujourd’hui encore du mal à parler honnêtement de leur vie intime, sans honte ni tabou ? Monsieur a la migraine ne cherche pas vraiment à apporter une réponse à ses questions. Son objectif principal reste de divertir le lecteur – ou plutôt la lectrice. Un reproche peut-être un peu injuste pour ce type de littérature « féminine ». Toutefois, même au sein de la « chick lit », certain-e-s auteur-re-s ont montré qu’on pouvait sortir des clichés et introduire des émotions complexes et des personnages atypiques pour créer des récits à la fois légers et intelligents.

A propos Soraya Belghazi 373 Articles
Journaliste